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Publié par collectif-litterature

Dans un avant-propos à l’édition de 1971, l’auteur précise qu’il a écrit ce texte en 1955. Il pensait alors être un des deux seuls anarchistes du pays, ainsi qu’un jeune gars passionné et assez imbécile. Il a fait très peu de modifications car il considère que cette histoire ne lui appartenait plus.

Avant un court prologue, la ballade du brave cow-boy, très poétique, met déjà le lecteur dans l’ambiance. Suivent alors quatre parties, chacune consacrée un peu plus à un personnage, même si tous se croisent dans le récit.

On est en 1950, Jack Burns est un homme à part, totalement atypique, un électron libre, anticonformiste. Logement et travail fixes, ce n’est pas pour lui. Il va et vient, sans papiers officiels, au gré de ses besoins et de ses envies. Il se déplace à cheval, avec sa carabine et sa guitare. Il se sent déphasé dans ce monde. Que l’on soit au XX ème siècle ou pas, il s’en fiche. Il fait et vit comme cela lui semble juste, il refuse les concessions. Il entend mener son quotidien à sa guise. La liberté est son moteur, la nature est sa maison.

« Pauvre Jack, pauvre vieux Jack-né trop tard, au mauvais endroit, au mauvais moment. Regarde-le, ce professionnel de la débrouille, prisonnier de la réalité, en quête d’un tunnel pour retourner dans son univers onirique de gamin, un monde de grands espaces, de chevaux et de soleil. »

Il est allé à la faculté et il est devenu ami avec Paul Bondi qu’il voit rarement mais à qui son amitié reste dédiée.

Bondi, c’est l’intello, il est en train d’écrire un livre et souhaite transmettre ses connaissances aux étudiants. Mais il a « oublié » de s’engager pour la conscription. Il pensait être à l’abri. Sa femme et son fils se retrouvent seuls et lui atterrit en prison. Il va sans doute purger une peine de deux ans.

Jack apprend que son pote est enfermé et il se pointe chez l’épouse de celui-ci, lui promettant de faire quelque chose. Il pense que Paul deviendra fou s’il ne sort pas rapidement et il entend bien remédier à ceci. Aider son camarade n’est pas une éventualité, pour lui ça coule de source. Il ne se pose pas de question, il agit.

Les deux hommes n’ont pas le même rapport à la modernité, à la loi, à la vie de tous les jours mais le dialogue et le respect sont présents entre eux. Ils savent échanger en toute confiance.

Jack, ce cow-boy solitaire, est attachant. Oui, il est en marge de la société. Pour les autorités, il est dangereux, mais l’est-il vraiment ? Dans le bureau du shérif, il y a quelques hommes qui oublient de réfléchir, qui franchissent la ligne rouge, se croyant au-dessus de tout. Ils m’ont exaspérée ces gros bras sans cervelle.

Edward Abbey décrit à merveille les grands espaces où se déroulent ce récit. Il aime ces lieux qu’il nous présente avec des « images » qui donnent envie de découvrir l’adaptation en film (avec Kirk Douglas). Les dialogues sont teintés de philosophie et complètent le texte en apportant une touche de réflexion intéressante sur la politique, le racisme, les excès de confiance des « policiers », les choix et les décisions des hommes face à la norme ou ce qu’on pense qu’elle est….

Son écriture (merci aux traducteurs) est fine, de qualité, posée. Même lorsque les événements s’emballent, on sent un certain regard empreint de discernement. Il pose les faits, le rythme s’accélère à peine mais la tension monte.

J’ai énormément apprécié cette lecture. J’y ai retrouvé tout ce que j’aime : des personnages qui « dégagent » quelque choses, une histoire qui tient la route en procurant des émotions diverses et un contexte parfaitement présenté et installé ! Une réussite !

Traduit de l’américain par Laura Derajinski et Jacques Mailhos
Éditions : Gallmeister (Totem) (7 Novembre 2024)
ISBN : 978-2404080376
404 pages

Quatrième de couverture

Au milieu des années 1950, Jack Burns reste un solitaire, un homme hors du temps. Il s’obstine à parcourir le Nouveau-Mexique à cheval, vit de petits boulots et dort à la belle étoile. Lorsqu’il apprend que son ami Paul vient d’être incarcéré pour avoir refusé de se soumettre à ses obligations militaires, Jack décide de se faire arrêter. Retrouver Paul en prison et s’évader ensemble, tel est son plan.

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