Le goût des crêpes au beurre salé de Joffrey Gabriel
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C’est le premier titre que je lis de cet écrivain, dans une jolie collection qui s’appelle « Instants suspendus ». Je trouve qu’elle porte bien son nom. Cette histoire est une parenthèse enchantée, une « visite » de quelques jours dans un petit immeuble breton, où des personnes partagent leur histoire. Comme un moment hors du temps ….
Joffrey Gabriel présente les habitants, avec leur vie qu’on pourrait qualifier d’ordinaire, car ce pourrait être notre voisin, notre voisine. Dans ce bâtiment, les gens se parlent et se respectent. Sans doute parce qu’ils ne sont pas très nombreux mais certainement parce que, chacun d’eux, a une sensibilité à fleur de peau. Ils sont ainsi à l’écoute des autres, prêts à se soutenir, à dialoguer, à donner un coup de main, à prêter une oreille attentive, à être là tout simplement.
Dans un monde où beaucoup courent, ne prennent pas le temps, ils pourraient faire figure d’originaux mais je crois qu’ils sont tout simplement humains et c’est déjà énorme.
Au début, on découvre Roméo, dix-huit ans, qui est venu s’installer là pour prendre de la distance par rapport à ses parents avec qui ça ne va pas très fort. Il faut qu’il trouve un petit boulot et c’est comme ça qu’il devient serveur dans une crêperie (j’ai bien ri en imaginant les vidéos pour apprendre le boulot, j’ai d’ailleurs vérifié : ça existe !). L’occasion pour lui de se prendre en charge, de grandir, de s’émanciper. On va le voir évoluer, s’affirmer avec l’aide de ceux et celles qu’il rencontre. Ce n’est pas toujours simple mais un pas après l’autre, il avance, il progresse.
C’est la même chose pour les autres locataires, ils ont eux aussi, des difficultés, comme on peut en rencontrer dans la vie de tous les jours et dont il faut se relever. C’est sans doute le plus compliqué. Ne pas se refermer, se redresser et continuer malgré les obstacles, la douleur, le chagrin, la colère…
Ce roman aborde de nombreux thèmes avec intelligence et délicatesse. L’auteur n’en rajoute pas, il décrit des situations compliquées par petites touches sans sombrer dans le pathos ou le larmoyant. Il glisse quelques petites pointes d’humour pour que le propos ne soit pas trop lourd. Je trouve que c’est bien fait, à la fois profond et léger. Et les sujets évoqués font réfléchir et peuvent donner lieu à des discussions intéressantes.
L’écriture de l’auteur est fluide, plaisante, avec des dialogues bien pensés. Il présente son récit avec différentes formes et il passe d’un protagoniste à l’autre. Cela permet d’éviter l’effet de lassitude et maintient notre intérêt. On en a envie que les choses s’apaisent pour les uns ou les autres, qu’il y ait du mieux, que des solutions émergent.
Cet opus procure de belles émotions, réconfortantes, agréables. Une douceur qui fait du bien, qui met le sourire aux lèvres et de la bonne humeur dans la tête et dans le cœur.
Je pense que Joffrey Gabriel a eu du plaisir à rédiger son texte, ça se sent, et moi, j’en ai eu à le lire !
Éditions : L'Archipel (24 avril 2025)
ISBN : 978-2809850550
300 pages
Quatrième de couverture
À Quimper, au 13, rue Kéréon, les habitants de l'immeuble se croisent sans se connaître. Mais le jour où Roméo, âgé de 18 ans et contraint de s'émanciper, emménage dans le studio du troisième étage, il noue aussitôt – et bien malgré lui – des liens avec ses voisins. Entre les éclats de voix, les secrets bien gardés et le goût du caramel au beurre salé, les masques commencent à se fissurer – y compris le sien.