Reste le chagrin, de Catherine Grive
Une chronique de Cassiopée.
Aimer c’est savoir qu’un jour l’autre va partir…..
L’American Gold Star Mothers, (AGSM), est une organisation à but non lucratif privée. Des mères américaines qui ont perdu un enfants ou un mari dans le service des États-Unis des Forces armées, lorsqu’ils sont venus aider la France pour la première guerre mondiale, vont se rendre sur leur tombe dans le pays où ils ont perdu la vie. C’est la traversée en bateau sur sept journées que nous allons partager avec elles.
Je n’avais jamais entendu parler de cet épisode de l’histoire et je suis contente que ce roman m’ait offert la possibilité de le découvrir. Avec leur étoile dorée surmontée d’un aigle, entourée de feuilles de laurier, avec un ruban rouge blanc et bleu, accrochée sur leurs vêtements (et dont le port est obligatoire), on les repère facilement sur le navire. Il y a celles qui sont mères, celles qui ont été épouses. Quinze années ont passé mais elles y vont. Pourquoi ? A chacune ses raisons, que ce soit le besoin de comprendre, d’en savoir plus, le souhait de « faire son deuil » devant une pierre tombale, de se recueillir, de partager avec d’autres femmes pour se sentir comprise et moins seule….
Catherine Troake est l’une d’elles. C’est elle qui se raconte en présentant ses compagnes de voyage. Toutes ont une approche différente face à la mort, le temps s’est figé ou pas. Catherine a perdu son fils Alan. Lors d’un voyage à Paris, en famille, il a choisi de rester pour faire de la poésie, vivre libre. Sans doute, trouvait-il que sa mère l’étouffait. Né après deux filles, il était « le fils » bien aimé de sa mère qui avait tendance à ne vivre que pour lui (par lui, à travers lui ?). Elle ne s’est jamais remise de sa défection et a négligé son mari et ses filles.
Cette traversée va être pour elle l’occasion de revenir sur ce qu’elle a vécu avec son fils, sur sa façon d’appréhender la vie après sa disparition. Elle sera obligée de réduire la « distance » qu’elle met entre elle et les autres «(sur le paquebot, elle ne répond pas aux questions et reste très seule). Son cheminement, lui appartient er refaire ce voyage New-York Cherbourg, va l’aider à avancer, et peut-être se retrouver dans le présent….
C’est avec une écriture très délicate et pleine de tendresse que l’auteur évoque ces femmes et leurs émotions, leurs conversations, leurs questionnements. Rythmé par les sept jours de traversée, on voit comment évoluent les relations entre les épouses ou mères, comment au fil du temps, chacune se dévoile un peu plus dans ce vase clos qu’est le bateau. Elles ne peuvent pas indéfiniment se cacher, se taire, ou faire comme si…..
J’ai beaucoup apprécié cette lecture. Je ne connaissais pas l’organisation de ce voyage qui a été offert à celles qui ont accepté le principe, il y a même un site officiel très actif qui parle de tout cela.
Le principe m’a semblé bien car il peut aider certaines à aller de l’avant et discuter avec d’autres personnes qui ont vécu la même chose permet de se sentir soutenu.
Reste le chagrin
Auteur : Catherine Grive
Éditions : Jean-Claude Lattès (1 er Mars 2017)
ISBN : 9782709659789
230 pages
Quatrième de couverture
En mai 1930, un paquebot quitte New York avec, à son bord, un groupe de mères et d’épouses qui vont se recueillir pour la première fois sur la tombe de leur fils, de leur mari.
Reste le chagrin est le récit de cette traversée, le premier pèlerinage des Gold Star Mothers. Ces femmes très différentes vont devoir partager leurs souvenirs, mesurer l’impact du temps sur leur douleur. Réfléchir. Quinze ans après, il n’est plus question d’honorer, de célébrer, de déplorer, mais de comprendre.