Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pages

Publié par collectif-litterature

« Mais je n’arrive plus à mettre le couvercle sur la marmite, et ça déborde partout. »

Alain Beaulieu est directeur littéraire aux Éditions Druide et professeur titulaire au Département de littérature, théâtre et cinéma de l'Université Laval à Québec. Il a écrit des nouvelles, des romans, des pièces de théâtre …

« Le refuge » est son dernier titre et a été Lauréat du Prix France-Québec 2023. C’est un excellent livre qui explore avec une précision chirurgicale les conséquences d’un geste irréfléchi.

Marie et Antoine sont retraités, il était enseignant en création littéraire, elle était éducatrice. Pour profiter de chaque instant, à fond, et être près de la nature, ils se sont installés au « Refuge », un chalet près de la montagne. Ils y vivent tranquilles, avec peu de luxe, quelques voisins. En communion avec leur environnement, ils sont heureux.

Jusqu’à une nuit, périlleuse, où des voleurs se pointent chez eux, les agressant et leur demandant de l’argent qu’ils n’ont pas. Devant les blessures infligées à son épouse, Antoine est en colère, et lorsque les indésirables partent, avec trois fois rien, il sort son fusil et tire. Cet acte n’est pas neutre et aura des conséquences et des ramifications inattendues.

L’auteur « décortique » avec beaucoup d’intelligence tout ce que cela va engendrer. Ce qui est vraiment terrible, c’est de voir les options qui s’offrent au couple, les choix qu’ils font et ce que ça entraîne à chaque fois. Pendant plusieurs mois, régulièrement, ils sont confrontés à « un cas de conscience » et sont dans l’obligation de prendre une route ou une autre. Que faire ? Y-a-t-il de bonnes ou de mauvaises décisions ? Et qui doit les prendre ? À qui demander conseil ? Avec qui partager et est-ce une bonne idée ? Ne vaut-il pas mieux garder tout cela dans la sphère intime ?

Ce récit est surprenant, original, bien écrit, captivant bien qu’il y ait peu de personnages. La culpabilité est analysée de l’intérieur. Tout d’abord du point de vue du « fautif », de ce mari qui a commis l’irréparable et qui est hanté par son acte. D’ailleurs, il se décide à coucher sur le papier les événements de cette nuit puis de ceux que cela a provoqué, pour lui et tous ceux qui feront partie des dommages collatéraux. Il a besoin de prendre du recul, de réfléchir. Il écrit mais sa compagne décide de donner elle aussi son point de vue et chaque fois qu’il s’exprime, elle complète et éclaire les faits sous un autre angle. On a de ce fait deux narrateurs.

Le style et les réflexions sont parfaitement adaptés à chacun : l’homme ou la femme. On observe ainsi leurs dialogues, leur approche de ce qui les perturbe beaucoup, leurs échanges, leurs intentions suivies de ce qui se déroule réellement car on ne maîtrise jamais tout n’est-ce pas ? On découvre dans ce texte, comment un grain de sable, de petites choses peuvent bouleverser le cours d’une vie, de plusieurs destins ….

Au début de chaque chapitre une citation en exergue, bien ciblée, elle nous rappelle la fragilité de l’avenir qui ne nous appartient pas.

« Le refuge », un endroit choisi par ces habitants pour son calme et vivre en paix jusqu’à ce que ….

 

Éditions : Liana Levi (4 Avril 2024)
ISBN : 979-1034909285
242 pages

Quatrième de couverture

S’installer dans un chalet au pied d’une montagne est le rêve d’une vie pour Antoine, ancien professeur de création littéraire à l’université, et pour Marie, autrefois éducatrice. Ils profitent paisiblement de leur nouvel univers jusqu’à une nuit de juin sans lune, lorsqu’un braquage inattendu vient chambouler leur tranquillité. Dans un accès de colère, Antoine s’empare de son arme de chasse, geste aux conséquences irrémédiables qu’il ne cessera de se reprocher. Son bien le plus précieux, la sérénité, est définitivement perdu.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article