Prince d'orchestre, de Metin Arditi
Une chronique de Cassiopée.
C’est avec une courte «note d’intention» que Metin Arditi ouvre son roman.
Une introduction qui déjà renvoie le lecteur à sa propre vie et à ces racines de l’enfance, partie prenante de notre passé, qui influencent le présent.
Cet opus nous relate la lente descente aux enfers d’un chef d’orchestre connu, adulé, admiré, célébré, encensé, un de ces hommes dont on dit « il a tout pour être heureux »….
Tout ? Mais qu’en est-il des blessures de l’âme? De ces plaies plus ou moins vives que nous portons en nous ?….
«Capricieux exigeant comme un homme amoureux qui exploite l’amour d’une femme en pensant qu’elle lui sera toujours soumise au point de tout accepter quoiqu’il fasse. »
Il la domine, il pense qu’elle lui est soumise mais la musique est exigeante, elle demande beaucoup, elle est une maîtresse difficile.
Pendants des années, elle lui apporte le bonheur, celui qu’on savoure les yeux fermés, celui dont on se délecte, celui qu’on garde au creux de soi…..
Et puis, un jour, le grain de sable ….
«Il avait été aimé de la musique qui lui avait tout donné, jusqu’à son intimité mais il n’avait pas imaginé qu’elle pouvait attendre quelque chose en retour…. »
Tout s’enraie, l’homme est déstabilisé, perdu ; ébranlé… La musique va-t-elle le trahir, l’entraîner plus bas que terre ? Le réveil de son passé, qu’il croyait avoir enfoui, oublié est douloureux …..
L’écriture de Metin Arditi est délicieuse, remplie de délicatesse, fouillant l’homme (au sens large) jusqu’aux tréfonds de l’âme…..
On ne lit pas une étude psychologique, on accompagne un être humain dans ses tourments, ses regrets, ses errances …. Jusqu’à avoir mal avec lui, pour lui, essayant d’imaginer comment lui tendre la main, tant il est présent en nous, tant il nous semble vivant ….
Si ce personnage est un virtuose de la musique, Monsieur Arditi est celui de l’écriture ….
Cassiopée
Titre: Prince d’orchestre
Auteur: Metin Arditi
Editions: Actes Sud (22 Août 2012)
Nombre de pages: 385