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Publié par collectif-litterature

un jourUne chronique de Cassiopée

 

« Partir pour montrer qu’on n’est pas d’accord…. »

C’est ce que fait Sabine un jour en refusant d’aller au collège. École buissonnière, la « faute à la prof de français » qui veut voir sa maman et expliquer « qu’on arrivera à rien avec cette petite… »

Combien de Sabine, étiquetée par des enseignants. Eux-mêmes mal à l’aise devant les élèves boudeurs, déstabilisés car en difficulté et qu’ils ne savent comment aborder ?….

« Elle pleure pour sa solitude et pour le mal d’être petite dans un monde incompréhensible. »

 

Les pédagogues sont des êtres humains et à ce titre, comme les autres, ils ont leurs limites…sauf que, parler fait du bien, et qu’il existe des méthodes pour gérer la différenciation… Madame Lemagre, professeur de français, n’est pas comme ça. Le collégien se doit de comprendre, de travailler et d’être bon, sinon il ne fait pas ce qu’il faut….et c’est lui le fautif, pas celui ou celle qui doit faire découvrir une matière ….

 

Sabine ne plaît pas à Madame Lemagre et devant le dialogue impossible, elle fuit….

Et puis par la magie d’une rencontre, elle se découvre, s’aime, aime, écoute, accepte et….

« Tout, aujourd’hui, est comme un poème ».

Dans un récit linéaire, accompagnée d’une écriture douce, posée et sereine, Marie Sizun nous permet d’accompagner sabine sur le chemin de l’école buissonnière, mais aussi celui de la réconciliation…

Avec elle-même, avec son entourage proche et plus lointain…

La rencontre aura été un déclencheur, elle s’est sentie aimée, reconnue…c’est comme une parenthèse qui lui permet de réaliser que la vie vaut la peine d’être vécue…

 

« La culture, c’est attraper tout ce qui permet de devenir soi-même. »

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Y
Un jour par la forêt – Marie Sizun<br /> <br /> Poursuivant avec passion son œuvre littéraire qui charme toujours ses lecteurs, Marie Sizun leur offre le 29 août 2013, publié aux Editions Arléa, « Un jour par la forêt », son septième roman. Sous<br /> ce titre mystérieux, c’est l’univers d’une petite fille, solitaire et mal intégrée en classe, qui nous apparaît.<br /> La première scène a pour cadre une classe de 5ème du collège du grand lycée de Vincennes fréquenté par Sabine, onze ans, qui habite Montreuil. Sa mère a voulu pour elle ce lycée parisien, le<br /> meilleur pour sa fille en avance de presque un an, « sa petite merveille ».<br /> Un après-midi ordinaire en cours de français. La prof déclame un poème : « J’irai par la forêt, j’irai par la montagne »…, sans parvenir à capter l’attention de ses élèves. La petite décroche,<br /> vagabonde par la fenêtre, ou dessine réfugiée dans son monde à elle. D’habitude silencieuse, ce jour-là, à entendre le ton de Madame Lemagre, Sabine rit sous cape puis s’esclaffe. Sa gaieté gagne<br /> la classe. La prof « qui aime se comparer au dompteur dans la cage aux fauves » marche sur la petite, la sanction tombe : « Vous viendrez me voir à la fin du cours ». Excédée, elle exige de<br /> rencontrer le lendemain la mère de Sabine.<br /> <br /> La petite est accablée. Elle a honte de cette mère, femme de ménage, grosse et mal habillée, « de sa façon de s’exprimer, de ses phrases boiteuses »… En fait, c’est de leur milieu social qu’elle a<br /> honte. Très vite, l’angoisse s’empare de l’enfant : cette entrevue ne peut avoir lieu.<br /> Après une nuit perturbée, Sabine pense « qu’une petite fille a aussi le pouvoir de dire non » : Le lycée plus jamais ! Fuir tout ça : échapper… De quelque manière que ce soit. Sans rien dire à sa<br /> mère, c’est vers l’avenue du Bois que la petite file, son cartable vide sur le dos : « elle est libre, n’est-ce pas, libre de sa liberté toute neuve ».<br /> <br /> Dans ce bois qui est presque une forêt : elle va « par la forêt ». Le seul mot entendu en classe lui revient en écho, « le mot, soyeux, touffu… chargé de mystère. De parfums, d’ombre et de lumière<br /> »… Elle éprouve ce troublant sentiment de la beauté des choses. Elle se souvient alors d’autres mots, « sonores, forts, des mots qu’elle aime, des mots qui accompagnent sa marche, qui en sont comme<br /> la musique » et qu’elle se réapproprie avec émotion : « J’irai par la forêt, j’irai par la montagne… ». Des mots qui suggèrent le rêve, la fuite… C’est peut-être ça, la poésie ?<br /> <br /> Cette fugue amène aussi la petite à réfléchir à ses problèmes, à poser les vraies questions… A Paris, une rencontre opportune va l’aider à se restructurer. Elle retrouve confiance en elle, prend<br /> pleinement conscience de ses goûts, et même de ses dons, découvre la vraie vie et l’immense bonheur d’exister. Elle possède en elle cette « petite flamme qui permet de penser, d’espérer,<br /> d’aimer».<br /> <br /> Dans « Un jour par la forêt », Marie Sizun nous livre le magnifique portrait d’une enfant intelligente mais délaissée, et à qui cette étonnante journée va peut-être permettre de se révéler.<br /> L’auteur dépeint avec justesse, dans une analyse psychologique très fine, le comportement des personnages du collège, élèves, professeurs, celui de la mère, tendre et maladroite dans son amour pour<br /> sa fille. Le texte est vivant, très émouvant, réaliste, mais non dépourvu d’humour ; le style est vif, simple, très naturel.<br /> Beau roman passionnant, écrit avec une très grande sensibilité.<br /> <br /> Extrait : « Tout à coup ce sentiment d’espace… Ici, le soleil libéré de toute entrave, se répand largement ; à peine si l’ombre des arbres projette sur la gauche une étroite bande bleutée. A<br /> droite, une grande pelouse encore couverte d’un scintillement de rosée. C’est beau, pense la petite, incroyablement beau. Tout ça, dans la vie normale, elle n’y a pas accès. Jamais elle ne peut<br /> respirer cette odeur de terre mouillée, de feuilles froissées, sentir toute cette vie secrète du matin. Jamais elle n’entend ce silence. Autour d’elle, rien, de minuscules frôlements, d’invisibles<br /> tressaillements, une légère vibration de l’air déjà tiède : musique infiniment secrète, faite de sons ténus, à peine perceptibles. Tout semble limpide, et tout est mystérieux. La petite est, comme<br /> dans les contes que son père lui lisait autrefois, il y a si longtemps, un enfant dans la forêt »… Marie Sizun<br /> Yvette Bierry, le 29 juin 2013
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