Mensonges d'été, de Bernhard Schlink
Une chronique d’Astrid
Mensonges d’été de Bernhard Schlink : ennuyeux comme un ciel Merkelien…
Douloureux de disserter autour de Mensonges d’été de Bernhard Schlink, tant ce recueil de nouvelles m’est tombé des mains à plusieurs reprises, tant j’ai vécu l’injonction « il faut le terminer » comme une véritable punition. Au fond de le classe avec mon bonnet d’âne, la maitresse me sermonnait : « Un roman paru chez Gallimard est forcément un bon roman ». Et si le vénérable « Roi Lire », découvreur incontesté de nombreux grands auteurs de notre temps, avait fait erreur en publiant les yeux fermés ces nouvelles aussi ennuyeuses qu’un ciel Merkelien ? En s’attaquant aux mensonges et autres misérables compromissions jalonnant nos existences, Bernhard Schlink tente avec ses bottes XXL de suivre les traces de ses illustres prédécesseurs sacrés à tout jamais empereurs du genre. Là ou Stefan Zweig et Thomas Mann nous enchantent, là où Raymond Carver nous vitamine, là ou Richard Brautigan nous égare, Bernhard Schlink nous expédie au pays de Morphée en s’aidant de la puissante neurasthénie que provoque son style. Sept histoires sans poivre ni sel, sept histoires s’égrenant avec autant de difficulté que l’horloge paresseuse de la maison de grand-mère, sept histoires qui à force de se prétendre subtiles perdent leur essence et court-circuitent l’émotion.
Maintes fois j’y ai cru, maintes fois j’ai attendu le frémissement de plaisir, cette impérieuse nécessité de revenir à la page où l’on aime. Mais rien, un plat pays qui ne fait que nous esquisser sommairement les errances du couple, les carences du dialogue familial, les rendez-vous amoureux manqués ou encore les fins de vie contemplatives sous morphine. « Le temps perdu qui ne reviendra pas » n’est pas un sujet dont peuvent s’emparer beaucoup de romanciers. Il faut pour cela ouvrir en grand son champ émotionnel et le champ de Bernhard Schlink est aussi accablant que la musique sacrée de Bach écoutée dans une robe de bure au fin fond d’une église de Silésie.
Genre majeur, la nouvelle n’est visiblement pas le point fort de ce très bon romancier qui avait pourtant su avec son best-seller Le liseur poser des étoiles sur des mots simples. Pour les amateurs d’histoires courtes qui en disent long, relisez plutôt l’incontournable Stefan Zweig, expert incontesté des fards du mensonge et de l’indicible. Si en vingt-quatre heures la vie d’une femme peut changer, soyez certaines que la lecture de Mensonges d’été ne vous y aidera pas.
Astrid MANFREDI, le 08 juin 2012 (laisse parler les filles)
Informations pratiques
Auteur : Bernhard Schlink
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 290
Prix France : 21 euros
Bernhard Schlink, né en 1944 est juriste. Il est l’auteur de romans policiers et du best-seller mondial Le liseur, traduit en plus de trente langues et adapté au cinéma par Stephen Daldry. Toute son œuvre est publiée aux Editions Gallimard.