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Publié par collectif-litterature

olivier adamUne chronique de Cassiopée.

Il a fallu que je me préserve, que je ne lui permette pas de s’incruster, de s’insinuer en moi, il a été nécessaire que je le laisse là, au bord, à la lisière…

Il était presqu’attachant ce Paul (tiens encore Paul comme dans « Des vents contraires »…) surtout dans le début du livre. Il est là, il se remet en question comme beaucoup d’entre nous lorsqu’on arrive à ce qu’on croit être à mi parcours de notre existence… Il parle de la vie, de notre vie, on retrouve les interrogations de toute une société. L’écriture est lumineuse, éclairée par le tumulte de l’Océan tout proche… Cet Océan omniprésent, comme un personnage à part entière, si bien décrit, si « vivant » pour moi qui l’aime, le respire par tous les pores de la peau….

«J’affirmais à qui voulait l’entendre que c’était tout le contraire, qu’au bord de la mer je reprenais possession. »

Et puis, par moments, on a l’impression qu’il en fait trop, qu’il se complaît dans cet état de faits, qu’il attire la misère, qu’il fait l’éponge sans se protéger comme si en absorbant toutes les difficultés des autres, il allait oublier les siennes…

Alors, là, on ressent presque l’envie de lui dire « Stop, éloigne-toi de tout ce marasme qui te détruit, qui va nous démolir avec toi car en l’écrivant, à ton tour, tu le déposes sur nos épaules car nous te lisons …» On serait à deux doigts de l’abandonner…..

Et parallèlement, on ressent le besoin de ne pas l’oublier, de rester près de lui jusqu’à ce qu’il s’en sorte. Peut-être pour voir s’il va faire les bonnes rencontres, celles qui redonnent envie et force, celles qui vous poussent à avancer. Peut-être pour se dire que ce n’est pas possible, que demain est un autre jour ……

Je ne sais pas s’il y un peu, beaucoup, énormément d’Olivier Adam dans ce Paul Steiner, romancier… Peu importe sans doute…

« Moi qui me réfugiais dans l’écriture pour vivre… »

Ce qui est certain, c’est qu’il y a beaucoup de l’Homme, des hommes et des femmes qui peuplent notre quotidien, qu’on ne voit pas toujours très nettement parce que ça nous dérange … et que faire l’autruche est plus simple ….

Roman d’une société qui ne va pas très bien, qui souffre, qui se tait, tombe, se relève, ne sait plus pour qui voter, à qui faire confiance …. Bien sûr, tout cela est survolé, le but n’était pas de faire une analyse sociologique….

« Personne ne sait quand exactement les fissures deviennent des failles, puis se muent en gouffres infranchissables. »

Est-ce qu’Adam aurait pu raccourcir ou allonger à l’envi son roman ?… Quel était le bon dosage pour ne pas lasser, pour ne pas entrainer le lecteur dans le pessimisme ou la nostalgie ?

Je pense que, suivant l’état moral de la personne qui découvre cet opus, elle adaptera son rythme de lecture pour le savourer en se l’appropriant comme il lui conviendra, d’une seule traite ou de façon homéopathique.

Même si quelquefois j’ai ressenti des longueurs, la magie de l’écriture d’Olivier Adam a encore opéré sur moi. Tout simplement car je « ressens » ce qu’il veut transmettre et que son style me « parle » comme une poésie tout en musicalité…

 

Cassiopée

 

Les Lisières
Olivier Adam
Flammarion (août 2012)
453 pages ; 22 €
 

Présentation de l'éditeur.

Entre son ex-femme dont il est toujours amoureux, ses enfants qui lui manquent, son frère qui le somme de partir s’occuper de ses parents « pour une fois », son père ouvrier qui s apprête à voter FN et le tsunami qui ravage un Japon où il a vécu les meilleurs moments de sa vie, tout semble pousser Paul Steiner aux lisières de sa propre existence. De retour dans la banlieue de son enfance, il va se confronter au monde qui l’a fondé et qu’il a fui. En quelques semaines et autant de rencontres, c’est à un véritable état des lieux personnel, social et culturel qu’il se livre, porté par l’espoir de trouver, enfin, sa place. Dans ce roman ample et percutant, Olivier Adam embrasse dans un même souffle le destin d’un homme et le portrait d’une certaine France, à la périphérie d’elle-même.

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