Le bruit des choses qui tombent, de Juan Gabriel Vasquez
Une chronique de Cassiopée.
Voici un livre qui ne m’a pas laissée indifférente… Le parcours d’un homme, sa vie ; son chemin et sans cesse, cette question: « Qu’en aurait-il été s’il n’avait pas fait « cette » rencontre ? »
Mais comme l’écrit l’auteur lui-même:
« Il n’y a pas de manie plus funeste ni de caprice plus dangereux que de spéculer sur les chemins qu’on n’a pas empruntés. »
Deux destins soigneusement reliés l’un à l’autre ; en filigrane, la Colombie, son histoire et surtout le trafic de drogue. Les choix des hommes, choix qui entrainent leur famille, leurs descendants, sans qu’ils en soient forcément conscients et s’ils le réalisent, c’est souvent trop tard….
L’écriture est belle, racée, profonde, soignée, les phrases parfois très longues sans qu’on ressente une impression de lourdeur. On passe d’une période à une autre, découvrant en même temps que la vie du personnage principal, qui se raconte, certains événements de la Colombie.
Ce n’est pas un cours d’histoire car l’œuvre est habilement « orchestrée » avec une cadence particulière que j’ai du mal à définir.
En effet, on chemine au rythme des pensées d’Antonio Yammara et c’est un homme qui n’est pas simple… Peut-être au départ, avant la rencontre, était-il un être humain « ordinaire » avec des interrogations, des remises en question, des requêtes, mais tout cela dans un « dosage » correct…… Mais il y a eu la rencontre…
J’ai l’impression qu’à partir de ce moment-là, son esprit est « pris en otage ».
Il ne peut plus raisonner de façon linéaire en suivant la vie et ce qu’elle nous offre (ou ce qu’on en fait). Il est obnubilé par le destin de celui qui a croisé sa route, tourmenté par les questions qui restent sans réponses. Cela tourne à l’obsession, il veut comprendre, il veut savoir, quitte à se perdre en route….
Mais en se perdant, ne perdra-t-il pas autre chose ? Son identité officielle? Ce qu’il est ? Pour devenir une ombre qui ne sait plus aimer, qui ne sait plus vivre ?
Présentation de l'éditeur
A quarante ans, Antonio Yammara dresse le bilan de sa vie et revient sur sa relation, brève mais lourde de conséquences, avec Ricardo Laverde, un homme laconique et secret qu'il a autrefois fréquenté dans une salle de billard du centre de Bogotà. Un soir, alors qu'ils marchent dans la rue, deux hommes à moto abattent Laverde et blessent grièvement Antonio. Traumatisé, ce dernier voit son rapport au monde se détériorer chaque jour davantage malgré l'amour qu'il porte aux siens. Deux ans après l'attentat, il reçoit un appel téléphonique d'une femme qui dit s'appeler Maya et être la fille de Laverde. Comprenant alors que pour pouvoir se débarrasser de son angoisse il doit affronter l'énigme de Laverde et de sa mort, il va trouver Maya. Ensemble, ils remontent le fil du passé et de la mémoire, jusqu'aux années 1970 où l'un et l'autre ont grandi à l'ombre du commerce mortifère de la drogue et de la violence des cartels qui ont mené la Colombie au bord de l'abîme. La prose lumineuse et sereine de Juan Gabriel Vasquez aborde le problème des traces laissées par l'Histoire dans la psyché d'une génération contrainte de payer pour les crimes de celle qui l'a précédée.
Le bruit des choses qui tombent
Auteur: Juan Gabriel Vasquez
Traduit par Isabelle Gugnon
Seuil (Aout 2012)
304 pages ; 20 €