Freedom, de Jonathan Franzen
Une chronique de Cassiopée.
« Bienvenue à Pattyland, le pays des erreurs ».
Formidable chronique sociale de cette Amérique qui a voulu, qui voudrait mais qui …. subit les conséquences de ses erreurs, de ses choix.
Bien entendu, se tromper, choisir, tout cela fait « grandir », il faut en tirer des leçons, mais forcément, le cours de la destinée de chacun en est changé…
Trois générations se côtoient dans ce roman, trois générations décortiquées dans un pays, une ambiance, une vie, des vies tout simplement …. . Chaque personnage est finement analysé dans ses relations, leur évolution, les sentiments qu’il éprouve : jalousie, égoïsme, envie(s), rêve(s) d’un jour ou d’une vie….
Non-dits, secrets, mensonges, apparences, action ou vérité comme le jeu des grands adolescents …. Tout cela est présent dans les 718 pages qui défilent, comme autant de flashes sur ces familles américaines qu’il nous ait donné de rencontre le temps d’un livre.
Vit-on pour soi ou pour les autres ? Quel impact le regard de celui qui est en face ou à côté de moi ? Quelle force peut-il me donner ou me faire perdre ?
« J’ai découvert où je voulais être, et avec qui je voulais être. » dit Patty dans son journal d’ « autobiographe » où elle parle d’elle à la troisième personne et qu’elle a écrit à la demande de son thérapeute.
Cette partie, appelée « Des erreurs furent commises » examine soigneusement, avec acuité ; le parcours de Patty, ses doutes, ses choix, ses sentiments, son analyse de ce qu’elle a fait ou pas et ce que cela a engendré pour elle et sa famille … Car les choix d’une personne ont un impact plus important que ce qu’on imagine ...
Ce journal, on le lit entre les pages 45 et 246. Puis à la page 590, dans une conversation avec elle, son mari Walter dit : -Des erreurs furent commises.
Un constat lourd, pas de reproches, pas de remarques interminables, juste ces quatre mots …. Titre du journal intime …
Quatre mots lourds de sens ….
Est-ce que nos erreurs sont plus difficiles à porter que nos choix ? Est-ce qu’elles nous obligent à faire le deuil de certains de nos rêves ?
Est-ce nous, vraiment, qui faisons des erreurs, ou parfois, la vie nous pousse-t-elle à prendre une direction pour ne pas faire souffrir les autres ? …. Tiens on en revient aux autres … Quel est le poids de tout cela ?
J’ai beaucoup apprécié ce roman, sa construction, son écriture.
Je l’ai trouvé dense mais très intéressant.
Il offre une assez bonne « peinture » d’un pays, à une époque précise, dans un milieu donné et soulève par ce biais, beaucoup de questions.
D’autres, avant l’auteur, se sont frottés à cet exercice difficile de parler d’un pays à travers différentes familles mais je trouve que Jonathan Franzen s’en sort plutôt bien car je ne me suis pas ennuyée une seule seconde !
Cassiopée
Freedom
Jonathan Franzen
Editions Points (23 août 2012)
786 pages
9 €
Présentation de l’éditeur.
Patty, Walter et Richard, ou Les chemins de la liberté.
Patty a décidé une fois pour toutes d’être la femme idéale. Mère parfaite, épouse aimante et dévouée, cette ex-basketteuse ayant un faible pour les bad boys a fait, en l’épousant, le bonheur de Walter Berglund, de St Paul (Minnesota). A eux deux, ils forment le couple « bobo » par excellence. En devenant madame Berglund, Patty a renoncé à bien des choses, et d’abord à son amour de jeunesse, Richard Katz, un rocker dylanien qui se trouve être aussi le meilleur ami de Walter.
Freedom raconte l’histoire de ce trio, et capture le climat émotionnel, politique et moral des Etats-Unis de ces 30 dernières années, dans une tragi-comédie d’une incroyable virtuosité. Comment vivre ?
Comment s’orienter dans une époque qui semble devenue folle ? Jonathan Franzen relève le défi et tente de répondre à cette question, avec cette histoire d’un mariage d’une implacable cruauté.