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Publié par collectif-litterature

confiteorUne chronique d'Albertine et Wanda

 

Adria Ardevol, érudit vieillissant que sa mémoire ne trahit pas encore, écrit une confession  à Sara, la femme tant aimée

L’écriture suit un cours erratique, le je d’Adria pouvant laisser place à une narration distanciée à la 3° personne, le fil de l’histoire pouvant se perdre et se reprendre, notamment le fil de la grande Histoire dans laquelle s’inscrit celle d’Adria. Le génie de l’auteur est de nous faire vivre dans un même paragraphe, et parfois dans une même phrase, plusieurs périodes, du 14ème au 20ème siècle, depuis l’inquisition, le franquisme, jusqu’au  nazisme : des siècles de Mal auquel se prêtent de multiples personnages par envie, ambition, indifférence aux autres, avidité...dévoilant la terrible  permanence des comportements humains à travers les siècles. Le héros de cette saga pluri-centenaire est un violon (Storioni), qui rythme l’écriture et joue une sublime partition sur trois thèmes : beauté, amour et mal.

 

 

Le héros Adria est un surdoué, qui n’a jamais été un enfant, tiraillé entre son père qui veut en faire un érudit et sa mère qui veut qu’il soit violoniste. Le père, tyrannique avec l’enfant et ignoble dans son rapport aux autres, et la mère, insatisfaite et obsessionnelle, n’éprouvent ni affection, ni tendresse pour l’enfant. Dès son enfance, Adria se réfugie dans son imaginaire et dans sa soif de connaissance. Il parvient ainsi, à parler plusieurs langues, à jouer du violon et à écrire. Il sera essayiste, écrivain, et professeur d’université, réalisant partiellement le destin que ses parents lui ont assigné. Mais pour faire face aux tournants et tourments de la vie, il devra se réfugier auprès des deux figurines de son enfance : le shérif Carson et Aigle.  Sara, sa femme perdue et retrouvée puis perdue à nouveau à qui s’adresse le récit, et l’ami de toujours, Bernat, le suivront de bout en bout, en fantasme et en réalité, pour le meilleur et pour le pire.

 

 

Adria, tourmenté toute sa vie par la culpabilité, ne trouve aucune rédemption : il ne croit pas à Dieu : « je ne sais pas où est Dieu. Ni le mien ni le tien… le sentiment de solitude est lancinant ». .Il découvre la permanence du mal et l’ignominie des hommes, en particulier celle de son père, grâce au don des langues qu’il partage avec lui. Même l’amour ne le sauve pas de cette culpabilité :« je ne sais pas où est le mal et je suis incapable de m’expliquer ma perplexité agnostique. Il me manque des outils philosophiques pour poursuivre sur cette voie. Je m’obstine à chercher le lieu où réside le mal… ». On ne saurait dire si sa confiance en l’art (« façon de s’entendre avec la vie, avec les mystères de la solitude, avec la certitude que le désir ne s’ajuste jamais à la réalité ») sera sa planche de salut.

 

La fin du roman, déchirante, nous montre comment Adria se plonge dans le renoncement de soi et dans l’oubli « Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts » (Marguerite Yourcenar). La mort est aussi  la grande libératrice de la souffrance.

 

Faut-il vous dire que ce roman est  un chef d’œuvre, qui se lit comme on déguste un mets inconnu, avec attention, surprise et enthousiasme.

 

                                   Wanda et Albertine, 10 janvier 2014

 

Confiteor
Jaume Cabre
Actes Sud (sept. 2013)
(lettres hispaniques)
784 pages; 26 €

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J
J'ai acheté ce livre suite à l'article sur le magazine Lire. Depuis, je n'ai pas eu le temps de le lire mais j'espère pouvoir dégager bientôt suffisamment de temps pour m'y consacrer.
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