Jusqu'au bout du chemin de Ludivine Delaune
Nous avons tous une vie à mener, des combats à choisir et des victoires à remporter.
Manon a trente ans, elle vit seule à proximité de sa grand-mère qui commence à perdre le fil du temps et sa mémoire. Elle est très attachée à elle car cette dernière l’a élevée, aussi elle ne souhaite pas la placer en institution. Elle essaie de mettre en place des garde fous afin de veiller sur elle le mieux possible. Ce n’est pas toujours simple, voire très douloureux lorsque sa mamie ne la reconnaît pas mais elle tient bon. En parallèle, elle est accompagnatrice de fin de vie. Un métier qui n’a rien d’évident mais qu’elle aime.
La plupart du temps, ce sont les familles qui signent un contrat avec elle. Son rôle ? Passer du temps avec les malades, les écouter, échanger, les aider. Elle est une présence extérieure, attentive, délicate et surtout « neutre » par rapports aux conflits familiaux qui peuvent être évoqués.
Pourquoi a-t-elle choisi cette activité professionnelle ? C’est lourd car les personnes à qui elle se consacre meurent et la séparation est dure à vivre. Cherche-t-elle à « réparer » quelque chose ? Elle n’a pas de compagnon, pas d’enfants, peu de famille, quel a été son cheminement ?
Je me suis vite attachée à cette jeune femme, forte et fragile à la fois, pleine d’empathie, ne prenant pas de temps pour elle afin de ne jamais lâcher les autres. Heureusement, il y a sa copine Élise qui apporte de la fantaisie dans son quotidien, qui la secoue de temps à autre en lui rappelant qu’il ne faut pas s’oublier. Mais elle agit ainsi pour se protéger comme si un trop plein d’émotions allait la noyer.
Dans ce roman nous suivons Manon et ceux qu’elle côtoie chaque jour, que ce soit dans le cadre de son travail ou de sa vie personnelle. Nous apprenons à la connaître, à lire entre les lignes, entre les phrases qu’elle prononce, ce qu’elle ressent vraiment. Elle n’ose pas s’exprimer mais elle pense à ce qu’elle pourrait dire.
« J’essaye de faire de mon mieux, de me sentir utile, d’apporter un peu de soutien à ceux qui en ont besoin. Et je tente d’oublier mon histoire en écoutant celle des autres. »
Qu’a subi et vécu cette femme pour se comporter ainsi ? Quelles sont ses souffrances secrètes ? Acceptera-t-elle les mains tendues, le partage ou restera-t-elle sur la réserve ?
Ce récit nous montre le cheminement de chacun des principaux personnages, c’est intéressant de voir ce qui peut les aider à évoluer, ce qui les touche ou leur fait peur. Malgré des passages plus tristes, tout est empreint de tendresse et c’est une belle histoire de vie.
L’écriture fluide et agréable de Ludivine Delaune fait la part belle aux sentiments. Il y a de belles réflexions sur les êtres humains, sur la place de la famille, le poids du passé, les non-dits qui empoisonnent, les secrets qui finissent par être connus…. J’ai beaucoup apprécié cette lecture.
Éditions : L’Archipel (31 Octobre 2024)
ISBN : 978-2809851007
418 pages
Quatrième de couverture
Manon, la trentaine, a fait le choix d'accompagner des gens en fin de vie. Mais pourquoi un tel choix ? Ne serait-ce pas un moyen pour elle d'oublier sa propre existence et de mettre de côté ses problèmes au lieu de les affronter ? Chaque vie est unique, parsemée de petits bonheurs malgré les difficultés. Telle est la philosophie de Manon Roussel, accompagnatrice de fin de vie. Ses patients lui confient leurs plus beaux souvenirs et les épreuves dont ils se sont relevés. C'est pour ces récits et pour récolter la confiance des derniers instants qu'elle a choisi ce métier.