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Publié par collectif-litterature

Le bomian c’est un homme venu de nulle part, affichant des tatouages et un regard acéré. Un étranger au village provençal où il débarque en ce jour de Juillet, en 1955, descendant du car qui passe par là. Il est blond, parle peu, mais on sait qu’il est d’origine arménienne et qu’il vient de Marseille. Il cherche un petit boulot, le gîte et le couvert. Grâce au curé, il trouve de quoi s’occuper.

Ce sont les grandes vacances, Lisou l’institutrice est belle, le directeur de l’école la regarde avec envie. Le bomian jette un œil sur ses formes, son sourire mais il sait bien qu’il doit rester à sa place. Il ne peut rester ici que parce que les gens du bourg le veulent alors…. Autant ne pas chercher d’embrouilles. Il est accepté, avec réticence par certains. Il ne faudrait pas qu’il plaise trop aux femmes, qu’il montre qu’il sait se battre quand les gitans viennent faire des histoires pour des impayés, et comme tout le monde prépare le 14 Juillet, il ne faudrait pas, en plus, qu’il sache danser !

Au Mazet-sur-Rourle, tout le monde se connaît. Personne ne se moque du Pabeu, un jeune homme, un peu simple. Lui, il parle au bomian, il lui propose même d’aller chasser... Quelques-uns savent les infidélités des autres. Les femmes observent mais n’ont pas toujours droit à la parole. Le curé a entendu tant de choses à confesse qu’il n’ignore rien des secrets et des non-dits mais il se tait….

Peu d’habitants mais tous s’interrogent. Combien de temps cet étranger va-t-il rester ? Pourquoi est-il venu là ? Que cache-t-il ? Parce que, forcément, il n’a pas tout dit et il doit être là pour une raison précise, non ?

Page Comann, ce sont deux auteurs, Ian Manook et Gérard Coquet. Quand ils écrivent à quatre mains, on ne sent pas de différence d’écriture, c’est harmonieux, fluide. La dernière fois, avec « Souviens-toi de Sarah », ils m’avaient emmenée en Angleterre à l’époque contemporaine, en lien avec une enquête dans le passé. Un style totalement différent. Et j’avoue que cette fois-ci, ils m’ont encore bluffée. Ce n’est jamais simple de changer de registre alors quand on écrit à quatre mains, la difficulté doit être doublée. Ils sont très forts !

Le rendu de la bourgade, de l’époque (1955 et un été chaud), de la Provence, l’ambiance, les relations entre les personnages, tout est parfaitement exprimé. Je suis admirative de la force et de la variété du phrasé, bien ciblé en fonction de qui parle. Rien n’est laissé au hasard, les « décors », la vie quotidienne, le vocabulaire employé, tout est en phase avec l’histoire (même les chansons du bal). Au fur et à mesure, les langues se délient mais comment démêler le vrai du faux ? C’est un vrai roman d’atmosphère. Tout a de l’importance, les individus décrits à la perfection, les paysages qui ont un vrai rôle à jouer, les dialogues …

J’ai eu énormément de plaisir à découvrir ce nouvel opus. Je l’ai trouvé plaisant à lire, avec une part de mystère bien dosée, et juste ce qu’il faut d’actions. La façon dont sont liés les différents destins des protagonistes est intéressante, voire captivante. Une belle réussite et je pense ne pas être au bout de mes surprises avec Page Comann !

 

Éditions : M + (4 Juillet 2024)
ISBN : 978-2382112564
314 pages

Quatrième de couverture

Été 1955, Alpes-De-Haute-Provence.
Le village du Mazet-sur-Rourle se prépare à fêter le 14 juillet. Un feu d’artifice sera tiré en apothéose au-dessus de la garrigue. Au coeur de cet été de canicule, l’arrivée d’un étranger, d’un bomian comme on dit au pays, fera exploser bien autre chose que des fusées.
Les secrets, les non-dits, les mensonges. Tout ce que les habitants cachent depuis trop longtemps derrière leurs jalousies.
Pour beaucoup, c’est l’heure des comptes.

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