La librairie sur la colline d'Alba Donati (La libreria sulla collina)
L’idée de la librairie était certainement tapie dans les replis de ce lieu sombre et joyeux qu’on nomme l’enfance.
Qu’est-ce qui peut pousser une femme de cinquante-huit ans, poétesse et écrivain, travaillant dans le monde de l’édition, à ouvrir une librairie dans un village de cent quatre-vingts habitants, perdu en Toscane ?
Un grain de folie, l’idée que « qui ne tente rien n’a rien », et peut-être par-dessus tout, la volonté d’amener les livres aux habitants et aux élèves de ce coin qui l’a vu naître.
Le lieu ? Une petite maison (dont elle ne ferme pas les portes) avec un jardin à l’anglaise où l’on peut boire le thé dans des tasses dépareillées. Des arbres, des plantes, des fleurs, des oiseaux, des nuits étoilées, le bruit de la pluie, le silence parfois. Une vie différente de celle qu’elle connaissait avant à Florence. Mais un quotidien empli de surprises, de bons ou de mauvais moments (un incendie destructeur par exemple).
Dans ce livre, l’auteur témoigne de son expérience. Elle parle de ses rencontres avec des gens du coin, avec les écoliers, ceux qui viennent de plus loin et se déplacent pour passer du temps dans ce lieu calme, atypique ou ceux qu’elle côtoie par la vente en ligne.
C’est en 2019 qu’elle s’est installée à Lucignana. Un démarrage en douceur et puis le COVID, le confinement, un tournant à prendre, à ne pas rater pour s’en sortir et ne pas mettre la clé sous la porte. Alba aurait pu baisser les bras, abandonner et retourner dans la grande ville, sans doute que cela aurait été plus facile. Mais sa détermination n’a pas faibli. Elle croyait en son projet et avait le désir de réussir.
C’est sous forme de journal de bord, de Janvier à Juin, qu’elle partage son quotidien. Les difficultés, les réussites, les livres à envoyer chaque jour permettant de maintenir la boutique à flots. Il y a également la famille à gérer, les parents vieillissants …. Beaucoup de références littéraires peuplent ce récit et c’est forcément intéressant.
Ce qui transparaît en permanence, c’est son amour des livres et de ce qu’ils apportent, le besoin de les mettre à la portée de chacun, notamment ceux à qui on ne pense pas lorsqu’on discute de littérature.
« Une librairie pour cent quatre-vingts habitants, destinée sur le papier à l’échec commercial, qui, en avançant à contre-courant, intercepte ses semblables dans la tourmente et les conduit chez elle ».
Alba Donati a été soutenue et accompagnée dans son intention, entre autres par l’intermédiaire d’un financement participatif. Certainement parce que ses arguments tenaient la route et on fait « mouche ». Ouvrir une librairie indépendante est un pari osé, risqué. Choisir de mettre en avant les ouvrages et les écrivains qui ne sont pas en tête des ventes l’est encore plus. Et pourtant, ça fonctionne !
« Je passe mes nuits à débusquer des livres, des nouveautés et des ouvrages oubliés, écartés à cause du mécanisme des arrivées en chaîne en librairie : quinze jours en exposition, puis dégagez, on passe à un autre. Il y a de toute évidence un public attiré par les mêmes livres que moi. »
Son écriture est plaisante (merci à la traductrice). Son style vivant et agréable. Elle nous présente ce qu’elle vit mais elle développe aussi une belle réflexion sur le temps qui passe, la vie et ce qu’on veut en faire.
En ouvrant ce magasin, en fédérant les villageois et d’autres personnes autour d’elle, Alba Donati a créé une communauté forte, unie. Elle est revenue à l’essentiel : le partage, la douceur de la vie, la plénitude offerte par une mission aimée et vécue comme un rêve. Elle est heureuse, elle vit à fond ce qu’elle souhaite, chaque jour est un émerveillement. Et c’est la même chose pour le lecteur …
Traduit de l’italien par Nathalie Bauer
Éditions : Christian Bourgois (7 Mars 2024) (première parution en 2022)
ISBN : 9782267049336
304 pages
Quatrième de couverture
Alba Donati menait une vie trépidante. Pourtant, à la cinquantaine, elle décide de tout quitter pour retourner à Lucignana, le village de Toscane où elle est née, et ouvrir sa librairie dans une jolie bâtisse à l’orée des bois, sur la colline. Avec seulement 180 habitants dans les environs, son entreprise semble vouée à l’échec. Ouverte en 2019 grâce à un financement participatif, la librairie affronte un incendie qui la détruit en partie, puis, un mois plus tard, les restrictions du confinement. C’est alors que s’organise autour d’Alba un étrange et vertueux mouvement de solidarité.