L'Amérique sera de Joshua Bennett (Owed)
Joshua Bennett est un auteur, enseignant et artiste américain. Il est professeur de littérature et titulaire d’une chaire de sciences humaines. C’est un poète contemporain très connu aux Etats-Unis. Il n’a pas toujours eu une vie facile, et ses parents ont dû lutter pour avancer et s’en sortir. Il est en photo avec son père sur la couverture.
Dans ce recueil, on retrouve une partie de ses poèmes (à gauche en anglais, à droite en français). Ses sources d’inspiration sont multiples. Le bus scolaire, le barbier, un tableau, le commerce « tout à 99 cents », job d’été, et bien d’autres choses ordinaires qu’il sublime par ses mots. Ses vers donnent du sens à des termes simples, permettant d’exprimer ses ressentis, ses émotions, ce qu’il veut partager et surtout transmettre.
On sent qu’il défend les personnes de couleur, qu’il revendique les messages qu’il fait passer.
Dans le bouleversant poème « Mike Brown (jeune homme afro-américain, abattu par un policier blanc en 2014 alors qu’il était non armé) est une sorte de Christ », l’auteur parle d’événements graves qui le révoltent et qu’il ne veut plus voir.
« La nuit dernière,
j’ai imaginé les armes de tous les policiers
rassemblées et enfermées dans un coffre à l’épreuve des bombes
au bord de la grand-route, me suis demandé
ce qu’ils choisiraient de fabriquer
avec leurs mains, leurs yeux, depuis si longtemps
occupés à pourchasser
ce qui ne peut être contenu. »
Dans ses textes, Joshua Bennett évoque des thèmes en lien avec son enfance, la famille, la politique, etc. C’est vivant, émouvant, fin, lyrique. Il a un sens de l’observation acéré et quand il écrit (merci à la traductrice) il arrive à partager des instants de vie avec tout ce qu’ils contiennent de « rappels » sur les moments difficiles, ou d’autres plus doux.
Plusieurs écrits s’appellent « Réparation », je ne dirai rien sur leur contenu mais ils sont particulièrement poignants. Et j’irai plus loin dans ma réflexion, est-ce qu’en rédigeant ces « Réparation » l’auteur leur donne la possibilité d’être guéries parce que, couchées sur le papier, elles existent et ne seront pas tues, passées sous silence, oubliées ? Est-ce que ce recueil n’est pas lui aussi une « forme de réparation » de son âme parfois blessée, voire endeuillée ?
Quoiqu’il en soit, ces lignes m’ont profondément touchée et c’est ce que j’attends d’un poète. Alors merci à lui.
Il est intéressant, en fin d’ouvrage de lire les notes de traduction. En anglais, le titre est « Owed » s’apparente à un jeu de mots qui renvoie à l’idée d’ode et de dette. On peut l’interpréter comme le fait que l’Amérique ait une dette envers la population noire.
Des éléments qui pourraient nous questionner sont également expliqués avec les références historiques pour une meilleure compréhension.
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Cécile Deniard
Éditions : Globe (9 Novembre 2023)
ISBN : 978-2-38361-220-9
210 pages
Quatrième de couverture
Qui doit quoi à qui ? Les odes de Bennett explorent les dettes sentimentales, philosophiques et politiques que Joshua doit aux choses, aux lieux et aux personnages qu’il a croisés au cours de son existence et qui, d’une manière ou d’une autre, ont nourri son imagination.