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Publié par collectif-litterature

Anne a écrit un premier roman qui a eu du succès. Son éditeur lui en réclame un autre et elle est confrontée au syndrome de la page blanche. L’inspiration la fuit, pas d’idées, pas d’envie, pas de ressort. Que faire ? Elle ne sait pas. Elle peste, dit des injures, multiplie les p…. dans ses pensées, elle est perdue ….

Elle est installée, pour l’été, avec son mari, dans le Médoc. Ils habitent la maison de ses beaux-parents, une bâtisse figée dans le passé, restée en l’état depuis que la belle famille ne vient plus. Vieux canapé, vaisselle de porcelaine ébréchée, arbres non taillés qui font beaucoup trop d’ombre… Son époux, campé sur ses positions, ne veut rien toucher. Elle, elle a besoin de bouger, d’agir, comme si le fait de trier, jeter, élaguer, moderniser, allait la « booster », lui redonner le goût de l’écriture. Mais ça crée des tensions dans le couple et les choses ne sont pas faciles. Les deux conjoints cherchent leur place….et ne la trouvent pas. Le dialogue n’est pas aisé mais devant les voisins (dont l’homme est écrivain), ils essaient de donner le change.

Anne est obnubilée par l’auteur qui habite tout près. Est-ce que sa présence l’empêche de créer, ou au contraire, doit-elle s’appuyer sur lui pour retrouver le goût d’écrire ? Elle s’interroge beaucoup. J’ai pensé que parfois, elle regardait un peu trop son nombril, elle aurait vite pu devenir agaçante.

Son mari subit ses sautes d’humeur, il ne réagit pas forcément, il attend que l’orage passe. C’est une union pas si solide que ça, on sent que tout pourrait partir à la dérive…

Les personnages, peu nombreux, se suffisent à eux-mêmes. Ils sont décrits en quelques lignes et on les cerne assez facilement.

Ce livre, très court, et assez surprenant, montre la difficulté ressentie quand on perd pied aux niveaux personnel et professionnel. Avec une écriture incisive, alternant les passages « trash » où Anne se lâche, ouvre les vannes, car elle est à bout, et ceux, plus poétiques, plus philosophiques où elle construit une réelle réflexion sur le couple, le lien au roman, à la création, le poids du passé, l’auteur offre un texte singulier qui peut déranger, voire dénoter. On s’interroge sur le but, sur la forme, mais si on se laisse porter, on apprécie le contenu.

Personnellement, dans un premier temps, j’ai été désarçonnée par les deux styles de phrasé qui s’opposent. Anne me saoulait avec ses jérémiades et ses gros mots. Après, j’ai compris que c’était sans doute, pour elle, un moyen, d’évacuer le stress, d’exorciser le fait qu’elle n’arrivait plus à rédiger quoi que ce soit. En se mettant en colère, elle s’envoyait à elle-même un signe montrant qu’elle voulait avancer.

Marie Lacire a réussi à questionner le lecteur avec ce premier titre. Il ne fera peut-être pas l’unanimité mais il reste à découvrir pour se faire une opinion.

 

Éditions : Plon (24 août 2023)
ISBN : 978-2259316101
176 pages

Quatrième de couverture

Été, côte Atlantique. Anne, écrivain, parisienne, se retrouve coincée avec Phil dans une maison de vacances abandonnée depuis des années, envahie par la végétation, les meubles rustiques et revêtue d'un crépi beige. Elle doit écrire un second roman mais n'y arrive pas, fonce sur les routes du Médoc, s'accroche à son couple et à cette maison qui n'est pas la sienne. Au bout du chemin, elle rencontre un romancier connu, reconnu, qui l'accueille à bras apparemment ouverts.

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