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Publié par collectif-litterature

Peter Handke est né en Autriche en 1942. Il a eu le prix Nobel de littérature en 2019. La vingtaine de textes que réunit ce livre, a été rédigée entre 1963 et 1969. Une nouvelle traduction vient d’être faite et elle est publiée par Christian Bourgois éditeur.

Le point commun entre toutes ces histoires, c’est la violence sous toutes ses formes. Elle peut toucher la personne elle-même, les autres, la nature, etc. Chaque situation est décortiquée, analysée, présentée avec une écriture chirurgicale, concise, dénuée de tout affect. Les faits, rien que les faits, qu’on prend en pleine face. Cela peut être des situations ordinaires, voire banales mais un grain de sable et le tragique est présent, vous faisant froid dans le dos (je pense à « Témoin oculaire » qui est bouleversant de simplicité et de désespoir). Ce qu’il se passe ? Presque rien et pourtant c’est terrible.

« Le procès » est bien entendu à rapprocher du récit, portant le même nom, de Franz Kafka. Comment les hommes rendant la justice peuvent-ils se tromper ? Comment un homme peut-il finir par se sentir coupable alors qu’il ne l’est pas ? C’est la manipulation des mots, des phrases à qui on fait dire ce qu’on veut.

 Peter Handke les choisit, les tourne, les assemble dans un but précis, celui de transmettre d’une façon dramatique l’annonce d’une mort. Les descriptions sont visuelles, froides, faites, le plus souvent, de peu de mots, pour frapper encore plus fort et rendre « réel » ce qu’on lit. Dans ces courtes nouvelles, des personnes meurent parfois par accident, parfois parce qu’en face, quelqu’un a eu la volonté de les tuer, la finalité est la même.

Je ne vais pas analyser chaque histoire afin de ne pas trop en dire. Mais elles sont toutes différentes et présentent divers aspects de la violence. Il y a une profonde réflexion derrière tout ça malgré le petit nombre de pages.

J’ai été impressionnée par le style littéraire, les styles, devrais-je écrire car c’est varié. L’auteur est né en 1942, les textes de ce recueil ont été consignés entre 1962 et 1967. Il était donc très jeune. Pourtant il y a de la puissance dans ce qu’il présente, de la recherche. C’est très ambivalent, car on pourrait presque sourire devant chaque drame évoqué mais on sait bien qu’on ne peut pas. Pourquoi ? Parce que c’est corrosif, avec une pointe d’absurde et de provocation mais le ton employé fait qu’on reste dans le politiquement correct, c’est sacrément bien pensé !

Je n’ai pas lu la première version, je ne peux donc pas comparer la traduction. Je ne doute pas que celle-ci doit être plus adaptée à notre époque, plus percutante sans pour autant déflorer le contenu. Est-ce que Laurent Cassagnau avait lu la première version ? Quoiqu’il en soit, bravo pour son travail car si cet opus est intéressant, c’est aussi parce qu’il a réussi à trouver le bon vocabulaire.

C’est décapant et c’est une magnifique découverte !

NB : les « questions d’examen » m’ont bouleversée, heureusement que je ne passe pas le bac !

 

Nouvelle traduction de l’allemand (Autriche) par Laurent Cassagnou
Éditions : Christian Bourgois (1er Juin 2023)
ISBN : 978-2267050783
210 pages

Quatrième de couverture

Quel est ce conseil de surveillance qui se réunit dans une maison isolée quelque part en montagne ? La pièce n’est pas chauffée, les vitres sont cassées, le vent souffle dehors, et un enfant vient de mourir juste devant, heurté par une voiture alors qu’il faisait de la luge. Est-ce un des membres du conseil qui a tué accidentellement l’enfant du concierge ? Et quel est le but de la réunion ? Bienvenue au conseil de surveillance explore tous les ressorts de la violence en dix-neuf récits.

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