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Publié par collectif-litterature

Avec toi, les choses me touchent comme si j’étais jeune à nouveau.

Ada est une femme d’un certain âge (doux euphémisme pour ne pas dire une vieille dame). Elle vit dans un petit village vers Saint-Etienne, le Puy (deux très belles villes puisque j’habite la première), veuve du médecin du coin. Originaire du Royaume-Uni, elle n’a pas vraiment eu le choix lors de l’installation dans ce lieu. Elle passe pour une originale, voire un tantinet excentrique, fantasque. Ne dit-on pas qu’elle se baigne tous les jours dans la rivière ? À son âge, est-ce bien raisonnable ? Mais elle s’en fiche un peu des ragots et des commentaires, elle fait comme bon lui semble. Elle a une douleur secrète. Sa fille, Rebecca, s’est fait embobiner par le gourou d’une secte et comme les locaux de celle-ci ne sont pas très loin, Ada essaie de l’apercevoir lorsqu’elle distribue des tracts au marché. Mais celle qui est devenue Becca l’ignore. Ada ne renonce pas, elle espère toujours et encore. Sa vie s’écoule ainsi et cela lui convient.

Soudain un événement surprenant va bouleverser son quotidien. Un cirque s’était installé et un des hommes à tout faire, Graff, se blesse, il est plâtré. Il va rester sur place, alors que le reste de la troupe part. Il se pose dans sa roulotte avec une jument, sur une friche mitoyenne au jardin d’Ada. Une rencontre aussi improbable que déroutante met ces deux-là face à face. Un pas en avant, un pas en arrière, tels deux funambules, ils s’approchent, reculent, s’apprivoisent, se taisent….   

Cette relation, cet amour naissant pose question aux habitants du cru. Lui, c’est quand même un gitan, et c’est bien connu, ce sont, la plupart du temps, des voleurs… Ne faudrait-il pas le surveiller ? Ça craint, non ? Et puis, on le savait que cette anglaise était bizarre….

Nous on voit bien que cet homme gagne à être connu, qu’il est sûrement quelqu’un de bien. Alors, on suit leur histoire, on lit les magnifiques lettres d’Ada, on se régale du style, du phrasé, de l’atmosphère palpable installée par l’auteur…..

Dany Héricourt, avec un père français et une mère britannique, manie les deux langues à la perfection. Cela lui permet de présenter une vieille anglaise so british comme on les aime. Elle échappe quelques mots dans sa langue natale et c’est un vrai régal.

Ada et Graff, la nature (de belles descriptions !), la région où se passe tout ça, j’y étais tant l’auteur a su me charmer, me rendre tout ce petit monde très vivant.

Je suis fan de l’univers décrit par l’auteur, je voudrais vraiment que ses deux protagonistes existent tant ils sont attachants, vrais. Son écriture est délicate, avec des pointes d’humour et de dérision. C’est frais, dépaysant, décalé juste ce qu’il faut. Elle arrive à parler de sujets graves sans trop en faire pour ne pas plomber le moral du lecteur. Elle m’entraîne dans ses récits et je serais presque triste quand la dernière page se tourne mais je sais qu’elle écrira encore. C’est une lecture sur un sujet déjà abordé (l’amour à plus de soixante-dix ans) mais elle a su écrire quelque chose de neuf, de charmant et bravo !

PS : La photo en noir et blanc dans les dernières pages est jubilatoire !

 

Éditions : Liana Levi (25 Août 2022)
ISBN : 979-1034906390
288 pages

Quatrième de couverture

De cette journée comme de la précédente, Ada n’attend qu’une baignade dans la rivière sous les arbres et un signe de sa fille qui ne viendra pas. Bras et jambe dans le plâtre, Graff n’aurait jamais cru que tout s’interromprait en ces circonstances, qu’il lui faudrait quitter sa famille de cirque en pleine tournée. Pour lui comme pour elle, l’avenir semble à l’arrêt, l’horizon tout à fait barré. La vieille dame anglaise et l’ancien funambule tsigane ignorent que la vie les précipite déjà l’un vers l’autre.

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