Dimitri Galunov de Blanca Miosi
Dimitri est un enfant particulier, un peu atypique. Il habite une maison avec sa famille dans un village. Il aime la forêt et a créé des liens avec un loup qu’il nourrit régulièrement. Un jour où il est en sa compagnie dans les bois, il « sent » qu’il se passe quelque chose pour les siens et qu’il devrait revenir vers leur demeure. Mais ce n’est qu’un gosse et il s’amuse si bien avec son animal fétiche …. Quand il se décide, c’est trop tard, les murs sont en feu et il ne réagit pas, il observe. Son attitude, et ce qu’il a dans les mains sont de sérieux indices pour ceux qui sont arrivés sur place. C’est lui le pyromane et la seule solution, c’est de l’isoler pour qu’il ne recommence jamais. Dimitri est alors interné en hôpital psychiatrique….
En milieu médical, Dimitri voudrait se faire oublier mais on le remarque, car il détonne et assez rapidement c’est son intelligence, son approche des événements qui interrogent. Qui est-il vraiment ? Est-il conscient de ce qu’il est ou joue-t-il un rôle en apprenant par cœur les connaissances qu’il ressort ? Il semble avoir une perception affinée des faits, ne les influencerait-il pas ? Tous ceux qui vont le fréquenter tout au long de ce roman se questionnent sur la personnalité, la manière d’être, le « fonctionnement » de Dimitri.
Ce roman débute par un récit avec une part de mystère sur les compétences et le caractère de Dimitri. Plus on avance, plus on découvre le côté singulier de cet enfant et on se demande dans quelle direction l’auteur va nous entraîner. Une fois encore, Blanca Miosi a su se renouveler complètement, nous emmenant sur des voies non explorées précédemment. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle a proposé. A travers cette histoire, elle aborde des thèmes intéressants et variés notamment celui de la transmission. Quels messages voulons-nous faire passer ? Qu’est-ce qu’il est important de souligner, de porter pour que la terre, qui nous est confiée, reste un lieu d’accueil convivial où chacun trouvera ce dont il a besoin ?
J’ai particulièrement apprécié que l’auteur décortique les rapports entre Dimitri et les adultes qu’il croise pour une raison ou une autre. Tous ont le sentiment qu’il est « étrange », mais aucun ne peut définir en quoi. Ils ont parfois du mal à dialoguer avec lui, ils sont maladroits, presque mal à l’aise car Dimitri les désarçonne. Ah dès que les « codes » de discussion ne sont plus les mêmes, certains ne savent plus faire…. Cela repose la problématique de l’accueil de l’autre dans sa différence…. J’ai vraiment accroché avec les différents contextes évoqués et avec la présence de Dimitri. Au début, il a une dizaine d’années, on le voit grandir en taille, en assurance, il essaie de comprendre les autres mais aussi de se comprendre lui-même car il a une part d’ombre.
L’écriture de Blanca Miosi (merci à sa fidèle traductrice) est fluide, prenante. L’univers qu’elle dépeint ne ressemble en rien à ce qu’elle avait fait auparavant. Il y a du rythme, du suspense jusqu’à une révélation finale surprenante.
Traduit de l’espagnol par Maud Hillard
Éditions : Independently published (25 octobre 2021)
ISBN : 979-8753691835
284 pages
Quatrième de couverture
Dimitri a toujours été un enfant différent des autres. Il a été enfermé dans un hôpital psychiatrique à l’âge de onze ans parce que l’on pensait qu’il avait assassiné sa famille, mais il n’était pas fou. Le directeur de l’hôpital s’est aperçu qu’il possédait une intelligence hors du commun.