Vertidog de Léonie de Rudder
Léonie De Rudder est scénariste de séries et de dessins animés. Vertidog est son premier roman. Un premier titre truculent qui nous montre combien il est nécessaire de garder ses distances avec les réseaux sociaux et les applications. Bien sûr, on le sait déjà mais dans ce récit, le trait, volontairement grossi, prophétise le pire pour, peut-être, nous mettre en garde.
C’est un jeune français, installé à San Francisco qui parle à la première personne. Un jeune comme on en connaît tous. Il est allé là-bas plein d’espoirs, peut-être également plein d’illusions ….Il était avec un pote et tout allait bien, grande école, stage, appartement partagé puis une petite copine du cru, très branché sur le bien-être. Très heureux, il est allé la rejoindre dans son chez elle. Et puis un matin, un message : c’est fini, pars et rends-moi les clés. Plus de place dans le logement précédent, côté professionnel, la catastrophe également et voilà comment, un étudiant prometteur de la Silicon Valley se retrouve baby sitter pour chiens. Il les sort, les promène, en prend soin, les ramène à leur propriétaire et gagne quelques sous.
Ce n’est pas franchement un métier d’avenir mais à défaut d’autre chose, ça dépanne… Bien équipé avec des laisses qui lui permettent d’avoir les mains libres, il peut pianoter sur son mobile, écouter des chansons (ok, google, je veux écouter un titre de….), lire les commentaires des « applis » qui, par leur connexion savent déjà tout, presque avant vous (célibataire ? Plein de jolies filles dans le coin, regarde les profils / Dépressif ? On t’a largué ? Installe Tinder et tout ira mieux…) Comment le jeune homme va-t-il se sortir de sa situation plutôt précaire ? Surtout que, comme le veut la loi des séries, les ennuis arrivent en chaîne…. Rien ne lui sera vraiment épargné. Que ce soit un téléphone qui rend l’âme ou presque, un chien qui s’égare, une rencontre qui ferait presque peur etc…
Malgré les difficultés auxquelles le « héros » est confronté, c’est avec le sourire que nous découvrons ce récit. Les réflexions des applications qui rythment la journée sont amusantes, non dénuées de sens parce que, si on réfléchit un peu, on n’est pas très loin de cette invasion technologique dans notre quotidien. Léonie de Rudder, qui s’est mise dans la peau d’un homme pour écrire ce recueil, maîtrise le vocabulaire geek et le phrasé jeune à la perfection. On s’y croirait ! On les entend, on les voit, c’est très visuel et le comique de situation nous régale.
L’auteur, avec une écriture vive et pétillante, nous fait plonger dans un fonctionnement où la déshumanisation est importante. Une puce par ci, une appli par-là, un tracker plus loin et…. Est-ce que notre vie sera meilleure ? Je le re écris, on n’en est pas loin… Certains se sont fait tatouer le QR code du pass sanitaire pour ne pas le perdre…, il suffit bien d’un pouce pour débloquer l’écran d’un mobile… Brrrrr…. Alors en lisant tout ça, ai-je ri vraiment ou un peu jaune ? Je me suis réellement amusée, sans doute parce que je me crois protégée, assez grande et solide pour dire stop si tout cela devenait envahissant. J’ai passé un bon moment de lecture parce que j’ai bien senti que personne ne se prenait trop au sérieux, ni Léonie, ni son héros et encore moins moi.
Éditions Robert Laffont (13 Janvier 2022)
ISBN : 9782221254967
224 pages
Quatrième de couverture
San Francisco. Un jeune Français, désabusé par la Silicon Valley, se fait larguer.
En cette morne journée, il se lance dans sa tournée de dog-walker, attaché aux toutous dont il a la garde, et erre au gré des notifications frénétiques de son smartphone fêlé.