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Publié par collectif-litterature

Le 7 Mars 2017, dans le zoo de Thoiry, les soigneurs ont découvert Vince, un rhinocéros âgé de quatre ans, tué par balle et dont la corne avait été découpée à la tronçonneuse. En Chine et au Vietnam notamment, la poudre de corne de rhinocéros est connue pour être aphrodisiaque et pour posséder des vertus médicinales, elle se vend 55 000 € au marché noir. C’est en partant de ce fait divers que Didier Desbrugères a construit son roman.

Trois lieux : la France, la Namibie, le Vietnam. Trois vies : Aurore, Silas, Ðạt. Tous reliés par les rhinocéros.

Aurore, jeune soigneuse dans un parc animalier, découvre au moment de commencer sa journée, un rhinocéros tué dont la corne a été sciée et volée. Pour elle, c’est le choc. Elle s’était attachée à l’animal, et elle ne comprend pas que des humains aient pu s’acharner ainsi. En arrêt car incapable de revenir travailler immédiatement, elle va se retrouver à faire le point sur sa vie, son couple. Fragilisée par les événements, comment va-t-elle surmonter cette épreuve et quelles seront les conséquences sur son avenir ? Elle va s’installer quelque temps chez sa tante, une femme atypique proche de la nature qui va l’aider à se recentrer sur l’essentiel mais est-ce que ce sera suffisant ?

En Namibie, Silas est guide pour des touristes assez riches qui s’offrent des virées au plus près des animaux dans la brousse. Il aime son métier, son pays, il a du plaisir à faire découvrir la vie « intérieure »de ce coin, ce qui ne se voit pas forcément au premier coup d’oeil. Il ne compte pas ses heures. Il voudrait gagner plus pour sa femme et ses deux enfants mais ce n’est pas facile.

Ðạt est promoteur. Il s’est fait une situation, un nom. Il a réussi mais il a toujours envie de prouver quelque chose aux autres, de faire plus, de montrer qu’il existe par son activité professionnelle. Il cherche comment « marquer des points », laisser une trace afin qu’on parle de lui. Il veut que les autres soient étonnés, subjugués, admiratifs. Comment les impressionner encore et encore ? Que mettre en place lors d’une soirée pour laisser un souvenir impérissable ?

Dans ce récit, de chapitre en chapitre, nous suivons ces personnages, leur cheminement. Tous sont face à des choix difficiles. L’appât du gain peut parfois influencer, le besoin de gloire et de reconnaissance également. Il est si délicat « d’être soi », d’affirmer ce qu’on souhaite vraiment quand la société vous offre tout et son contraire et que le désir de briller, de faire plaisir et de se faire plaisir se présente…

Le recueil de Didier Desbrugères parle des dérives autour de la corne de rhinocéros, mais pas seulement. L’écologie, le respect de la nature et de l’environnement sont au premier plan dans son texte. Il glisse ça et là des idées pour un mieux-être mais quel que soit le thème abordé, il n’a jamais un ton moralisateur. Son écriture, parfois teintée de descriptions, est fluide, agréable. Il retranscrit ce que ressent chaque protagoniste avec finesse et son vocabulaire varié et ciblé est un plus.

Cette lecture m’a beaucoup intéressée. On voyage et on s’aperçoit que le rapport que l’on a avec le milieu où on vit, avec les collègues, avec ceux qu’on aime, peut être conditionné par des tas de choses. La vie, les coutumes, la règlementation, ne sont pas les mêmes d’un endroit à l’autre.  Ernest Hemingway écrivait que le monde est un bel endroit qui vaut la peine qu’on se batte pour lui. Didier Desbrugères nous le rappelle avec doigté par l’intermédiaire d’un recueil qui développe de belles réflexions autour d’intrigues bien pensées.

NB : J’ai trouvé la couverture sobre et parlante et la couleur du papier très belle.

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