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Publié par collectif-litterature

« De retour après l’hiver »

Ivan Nikolaïevitch a soixante-dix ans, c’est un vieil homme aux doigts noueux qui conserve Bayan, son accordéon russe près de lui. C’est son âme sœur, un compagnon fidèle qui ne le trahira jamais. Il sera d’ailleurs le fil d’Ariane de ce roman. « Comme si cet instrument était un compagnon reclus pour cette nuit d’été, ou probablement davantage pour toute la vie restante. » Il n’a pas peur de la vieillesse, elle lui a redonné une certaine forme de liberté. Il philosophe, pense, réfléchit, près de la rivière, sous un arbre, parfois dans sa tente. Et un jour, il oublie, un livre avec son nom, son adresse, des notes….

Un jeune étranger le trouve et se met dans l’idée de le rapporter à son propriétaire. Et voilà comment Ivan et cet homme se rencontrent, se parlent. C’est l’occasion pour le plus vieux des deux, de faire le point sur sa vie, de raconter ce qu’elle a été, ce qui l’a porté et aidé à avancer, ce qui a été plus difficile à supporter.

Entrecoupé de poèmes, de chants, d’extraits d’un journal intime, ce récit est teinté de nostalgie, mais de façon positive. Jamais le vieil homme ne dit « c’était mieux avant ou je voudrais être encore jeune ». Il explique qu’avec l’arrivée de l’âge, un corps qui répond moins, il s’est « émancipé du poids de la vie » et donc « ressourcé en renouant avec la nature ». J’ai trouvé cette image très belle, très parlante. Après une vie trépidante, il a pris le temps de vivre tout simplement, de profiter de chaque instant.

C’est un homme d’une grande sagesse qui s’exprime, un amoureux de la vie. Il y a beaucoup de profondeur dans ses propos. Il a l’œil vif et acéré, il décrit ce qu’était son quotidien, ses occupations, ses rapports avec ceux qu’il aimait. Il accueille l’étranger qui vient avec son livre comme un cadeau, une occasion unique de transmettre, d’expliquer qu’il ne faut pas avoir peur du temps qui passe, des mains tremblantes et de la vue qui baisse. Celui qui l’écoute se délecte de son récit, de ce partage et de tout ce que cela peut lui apporter. C’est comme un héritage qu’il recueille au creux de son cœur, offert gratuitement.

En même temps que l’histoire cet homme, on découvre celle de l’Ukraine en toile de fond mais ce n’est pas le plus important. Ce qui essentiel, c’est d’entendre la musique du bayan, celle qui murmure à l’oreille que la vie est belle, qu’il ne faut jamais baisser les bras ni désespérer, celle qui dit :
« Bayan, tu guéris mes blessures, tu essuies mes larmes,
Bayan, tu es mon bouclier contre les peurs de la vieillesse. »

J’ai beaucoup aimé cette lecture. Le traducteur a dû avoir du plaisir à travailler ce texte et à trouver les bons mots pour que le rendu soit tel que le souhaitait l’auteur tout en simplicité poétique.

La fin est émouvante et magnifique !

Traduit de l’anglais par Jean-Paul Faure
Éditions : L'Harmattan (2 décembre 2021)
ISBN : 978-2343246802
200 pages

Quatrième de couverture

Nord-est de l'Ukraine, région de Sumy, un vieil homme. Parfois, résigné, triste et heureux, il partage alors ses émotions avec son compagnon de toutes les heures, un bayan, un accordéon russe. Puis, la rencontre d'un jeune étranger, venu d'un autre continent, lui permet de revisiter son histoire personnelle depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la chute de l'Union soviétique et cette nouvelle époque plus incertaine.

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