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Publié par collectif-litterature

Une chronique de Cassiopée

 

L’auteur de ce roman de science-fiction est né en 1875. Après des études de droit, il se destinait au barreau. Mais il n’était pas très motivé et écrivait des nouvelles avec un certain succès. Il s’est alors mis plus sérieusement à l’écriture et a rédigé des romans dont certains ont été adaptés au cinéma.

« Le péril bleu » est son troisième titre. A l’époque on le compare aux écrits de H.G. Wells, une très bonne référence. Le récit tombe dans l’oubli, est réédité en 1955 (avec des passages tronqués) puis d’autres fois. Les éditions de l’Archipel viennent de le remettre au goût du jour dans leur collection Archipoche. Ce format convient bien à ce texte, facile à transporter avec soi, car comme il est addictif, on n’a pas envie de le lâcher.

Mais qu’en est-il d’une histoire datant de 1910 ? Comment a-t-elle vieilli ?

Nous sommes dans le Jura, plus précisément dans le Bugey. Depuis quelque temps, des événements bizarres surviennent et déstabilisent la population. Objets volés, plantes ou branches coupées, animaux disparus, jamais deux fois les mêmes, jamais deux fois aux mêmes endroits. Des farceurs ? Les « Sarvants » (sorte de trolls dans le folklore local) ? Des travailleurs qui ne sont pas du coin ? Chacun y va de sa supposition et les spéculations sont très nombreuses. Des tours de garde sont organisés mais impossible de coincer les malotrus, ils semblent se glisser chaque fois où on ne les attend pas. D’ailleurs de quels moyens disposent-ils ? Il est surprenant de ne pas les voir agir avec une grande échelle lorsqu’ils vont voler une girouette haut placée sur un toit….. Et puis, un jour, ce sont des êtres humains qu’on ne retrouve pas. Là, c’est la panique. Kidnapping, disparition volontaire, accident ? On accuse, on suppute, on enquête, on suppose et surtout on a peur. D’autant plus que les derniers disparus sont des gens de la bonne société, liés à un grand astronome, Monsieur Le Tellier. Et si demain, c’était ma famille ?

Au début, on reste dans le Bugey, les superstitions ont bon dos, et tout le monde pense que l’affaire va se régler d’elle-même. Puis la situation évolue, l’angoisse va crescendo. Il faut en parler à Paris. Les gens de la capitale regardent ça de loin, ne sont pas décidés à se bouger. Les habitants du Bugey aimeraient qu’on les écoute, qu’on prenne en considération leurs demandes…

L’histoire se partage entre une enquête policière (ah, la petite moquerie de l’adepte de Sherlock Holmes, que c’est drôle), texte fantastique bien dosé et réflexions sur les liens de l’homme avec la science, son sentiment de supériorité sur le monde du vivant et sur les choix de vie de chaque personne (est-il possible de s’opposer aux volontés de sa famille ?).

Si les méthodes d’investigation sont désuètes, le texte en lui-même se lit bien sans le sentiment de se trouver face à un vocabulaire de « vieux » ou des remarques totalement dépassées. Au contraire, c’est intéressant d’observer les réactions des hommes et des femmes de cette époque face à des phénomènes qu’ils ne peuvent ni expliquer, ni maîtriser. Rien n’a vraiment changé…

Je n’avais jamais entendu parler de Maurice Renard et ce recueil a été une très belle découverte. C’est de la science-fiction comme je l’aime avec un univers réel d’hommes et de femmes ordinaires et quelques faits qui les dépassent, car totalement irrationnels. L’écriture fluide, les rebondissements réguliers maintiennent l’attention du lecteur qui aura des explications et des révélations dans la dernière partie de cet opus.

Éditions : Archipoche (26 août 2021)
Première publication en 1910
ISBN : 979-1039200165
450 pages

Quatrième de couverture

Depuis plusieurs nuits, dans la campagne du Bugey, des monuments sont vandalisés, des bêtes et des personnes disparaissent. Les habitants de ce secteur du Jura ne voient qu'un coupable plausible : les " Sarvants ", créatures malveillantes du folklore local.

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