Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pages

Publié par collectif-litterature

Une chronique de Cassiopée

Burn out … on se dit que c’est pour les autres, parce que nous, on tient le coup, on fait face, on y arrive…. Jusqu’au jour où…
C’est ce qui tombe, d’un coup, sur les épaules de Leena. Un deuil l’a touchée, elle s’est mise en mode « carapace », se noyant dans le travail, mettant toute son énergie pour réussir, faire du bon boulot, s’oubliant par la même occasion. Et un jour, pendant une présentation, elle craque, elle est à bout…. Et c’est la catastrophe, le genre de situation qui fait tout rater, qui fait perdre un contrat…. Sa supérieure lui impose deux mois de vacances obligatoires.  Vacances ? Elle ne sait même plus ce que signifie ce mot tant cela fait longtemps qu’elle n’en a pas pris. Elle vit très mal l’idée de s’arrêter mais elle n’a pas le choix… Alors, peut-être quitter Londres et aller dans un petit village du Yorkshire où vivent sa mère (avec qui les relations sont tendues) et sa grand-mère ?

Justement, Eileen, sa mamie ne va pas bien. Son époux l’a abandonnée et elle se sent un peu perdue. Ce n’est pas l’homme en lui-même qui lui manque, mais l’idée d’un mari. Quelqu’un sur qui on peut compter, qui est là, qui accompagne le quotidien. Mais Eileen pense qu’il faut réagir, aller de l’avant et elle s’en donne les moyens. Elle est attachante cette vieille dame, qui remplit un « carnet à projets » avec des profils de voisins pour évaluer les possibilités de « et plus si affinité ». Elle m’a bien amusée.

L’aïeule et sa petite-fille ont toutes les deux besoin de se poser, de prendre du recul, de prendre soin d’elles, de mettre les choses à plat et de voir où tout cela les mènera. Alors une idée leur vient. Pendant ces soixante jours d’arrêt forcé pour l’une, elles vont échanger leur vie, leur logement etc. C’est un moyen comme un autre d’essayer d’y voir clair, de sortir de leur zone de confort, de prendre des risques, de découvrir un environnement totalement à l’opposé de leurs habitudes, en décalage avec ce qu’elles connaissent donc très déstabilisant. La grande ville où tout bouge et va trop vite pour la mamie, la bourgade avec ses « gens d’un âge », parfois un peu lents (parce qu’ils ont le temps ?), qui observent (surveillent ?), qui organisent des animations, etc où Leena va se retrouver à prendre en charge tout ce que faisait Eileen …. L’occasion, pour chacune, d’une remise en question et peut-être de « guérir »…

Ce récit est empli d’émotion, de délicatesse, de tendresse, de douceur, et il ne manque pas d’humour non plus … Quelques fois, on sent venir les choses, mais ça n’a aucune importance. L’essentiel est ailleurs, dans ces vies (et pas seulement celles des deux personnages principaux) qui décident de choisir, de ne plus se laisser manipuler, de vivre « ici et maintenant » chaque instant en conscience. Chacune (car il s’agit surtout de portraits de femmes) des protagonistes chemine à son rythme, vers la résilience si nécessaire, pour être en harmonie, en équilibre avec ses valeurs personnelles.

L’air de rien, sous des dehors « Feel Good », ce recueil aborde des thématiques intéressantes. Les réactions face au deuil, avec le chagrin qui fait fuir, qui coupe le dialogue, qui modifie les relations familiales… la pression au travail, avec le rendement obligatoire… les rapports entre voisins, dans les couples, les choix de vie qu’on subit en fonction du contexte et une fois qu’on est dedans ….

Les chapitres nous présentent, en alternance, les deux femmes avec des lieux, des personnes, des activités, à apprivoiser, à connaître … L’écriture (merci à la traductrice) est délicieuse, l’atmosphère, anglaise, avec les scones, le thé, est bienveillante.  J’ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture qui sous une apparence légère, nous pousse à réfléchir sans pour autant tomber dans la prise de tête.

 

Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Karine Xaragai
Éditions :  Hugo Roman (12 Mai 2021)
ISBN : 9782755687859
337 pages

Quatrième de couverture

Leena Cotton est épuisée. Ce n'est pas elle qui le pense, c'est son corps qui le lui dit. Pour la peine, son employeur lui impose deux mois de congés. Elle aurait encore préféré mourir de surmenage que d'ennui...
Eileen Cotton a pris une décision : puisque son époux de toute une vie l'a quittée du jour au lendemain, elle a désormais le droit de vivre pour elle-même.
Un problème ? Une solution ! La grand-mère et la petite-fille n'ont qu'à échanger leurs vies.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article