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Publié par collectif-litterature

Une chronique de Cassiopée

Décidemment cet auteur me plaît de plus en plus. J’apprécie énormément sa façon de mêler des destins, des trajectoires humaines, des vies ordinaires et de les faire se croiser, s’entrecroiser, se superposer, s’écarter puis revenir. Ce qui se déroule sous nos yeux nous montre combien les apparences sont trompeuses. Des destinées prévues pour rester droites, sur un chemin, semble-t-il, tracé à l’avance, peuvent bifurquer suite à un événement d’aspect anodin. Et c’est là, tout l’art de Iain Levison, des quotidiens tranquilles qui se retrouvent bouleversés, pas énormément, mais un peu, suffisamment, pour déstabiliser et pousser les protagonistes à agir afin de retrouver un équilibre.

Dans ce récit, on fait connaissance avec Jim, un homme d’une soixantaine d’années, qui mène son petit train train. Il est chauffeur Uber, a peu d’interactions sociales. Il ne recherche pas la compagnie. Il se suffit à lui-même, bien qu’il se sente parfois déprimé par ses journées sans fantaisie. Une femme s’installe dans son immeuble avec son enfant, sur son palier en plus. Elle a un mari militaire, souvent absent car en mission. Un lien va se nouer entre eux, un peu contre son gré au début. Puis petit à petit, ils s’apprivoisent et il est là pour discuter quand elle le souhaite car elle est très isolée. Bien sûr, il essaie de rester à distance, ne souhaitant pas être envahi, et ne sachant pas toujours comment se comporter, lui qui vit « en mode sauvage » depuis des années. En parallèle, on suit des soldats, sur le terrain, dont l’époux de madame. Ils doivent faire face à des situations bien délicates et chacun gère comme il le peut, pas obligatoirement comme on le lui a demandé. Alors, il arrive qu’il y ait un retour de bâton et que les choses se dérèglent.

Tout le monde semble « bien propre sur lui » mais finalement, chacun-e- a des travers, surtout les hommes d’ailleurs ;- ), des failles, des secrets plus ou moins avouables. Et ce qui est follement drôle, c’est la façon dont Iain Levison aborde les côtés plus obscurs de chaque personnalité. Par petites touches, l’air de rien, au milieu des tâches professionnelles ou personnelles des individus présentés, on découvre une faille (ou un atout surprenant comme une queue de billard….) et on s’aperçoit que derrière le visage lisse que chacun expose, il y a d’autres hommes et d’autres femmes. Finalement, ne voit-on que ce qu’on veut voir ou les gens ont-ils tous une face cachée ?

J’ai lu que trois romans de l’auteur avaient été adaptés au cinéma. Cela ne m’étonne pas tant les scènes décrites sont visuelles sans pour autant tomber dans une description minutieuse et rébarbative. Je crois pouvoir écrire que le style est très vivant et cela permet au lecteur d’être au cœur de l’histoire. De plus, Iain Levison a eu plusieurs vies avant d’écrire, il a sans doute beaucoup observé, analysé, ses contemporains et il nous offre une « peinture humaine » de la société très intéressante.

L’écriture est fluide (merci à Fanchita Gonzalez Batlle pour sa traduction), c’est amusant, un brin sarcastique et irrévérencieux, il y a même du suspense et des retournements aux petits oignons qui apportent le sourire aux lèvres. C’est comme si le hasard se moquait de tout ce que prévoient les gens et qu’il décidait de mettre son grain de folie sur une mer calme et huileuse. Je suis totalement fan !

Traduit de l’anglais par Fanchita Gonzales Battle
Éditions : Liana Levi (18 Mars 2021)
ISBN : 979-1034904006
230 pages

Quatrième de couverture

Pour que Jim, chauffeur Uber de soixante ans, voie la vie du bon côté, que faudrait-il ? Avoir affaire le moins possible à son prochain, voire pas du tout. Alors, quand sa nouvelle voisine, flanquée d’un mari militaire et d’un fils de quatre ans, lui adresse la parole, un grain de sable se glisse dans les rouages bien huilés de sa vie solitaire et monotone. De quoi faire exploser son quota de relations sociales…

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