Luna, de Serena Giuliano
Une chronique de Cassiopée
Luna a quitté Naples avec sa mère, fuyant un père et mari qui ne correspondait plus à celui qu’elles avaient aimé. Elles se sont installées à Milan, y ont construit une nouvelle vie. Les débuts ont été très difficiles, il a fallu quitter le confort pour un quotidien plus ardu, mais c’était ça ou se perdre. Et elles tenaient à vivre en adéquation avec leurs valeurs. Maintenant, elles ont trouvé un équilibre. Luna peint, sa maman s’occupe de la galerie où sont exposés les tableaux.
Mais voilà que le passé se rappelle à elles ou plutôt à elle, la fille. La mère n’est plus concernée de la même façon, elle a divorcé. Le Padre est hospitalisé dans un état grave à Naples et Luna doit se rendre sur place. Ce voyage ne lui fait pas envie mais c’est son devoir et elle sait qu’elle n’a pas le choix. Peut-être serait-il bon de voir ce séjour comme une opportunité de revenir à Naples, de digérer son passé pour le rendre moins douloureux, de faire le point sur sa vie et de repartir en ayant fait le tri ?
Lorsque Luna arrive, elle est vite emportée par diverses émotions. Son paternel est diminué physiquement, cela l’ennuie mais parallèlement, elle ne peut pas oublier toutes les raisons qu’elle a de lui en vouloir. Elle est heureuse de retrouver sa cousine mais en même temps, elle réalise qu’elle l’a négligée alors qu’elles étaient très proches et se confiaient tous leurs secrets. Il y a également la maison de son père, sa chatte, sa voisine, les gens qu’il fréquente et qu’elle rencontre à son chevet. Elle n’arrive pas à se situer, se sent perdue, a envie de fuir mais Naples est là. Une ville vivante, lumineuse, pittoresque, qu’elle connaît, qui fait partie de ses gênes …
Nous allons suivre Luna qui en rendant visite à son Papa malade va aller à la rencontre de son passé mais surtout d’elle-même. Des extraits de journal intime à différentes années nous permettront de voir comment elle a évolué, changé au fil du temps.
Serena Giuliano parle du quotidien à l’hôpital et démontre combien ce lieu manque de moyens. Elle évoque la vie des habitants, les liens qui se créent entre les uns et les autres. Le récit est empli de réalisme, de délicatesse, d’humour, parfois de dérision quand Luna parle d’elle-même. Le texte est émaillé de proverbes italiens qui pimentent l’ensemble et puis, il y a Naples. Luna l’a aimée, puis haïe, mise aux oubliettes avec ceux qui y étaient rattachés dont sa cousine Gina. Jamais elle n’a été entre ces deux sentiments. Quand elle parle de cette cité, elle dit :
« Comme elle, je ne sais pas faire dans la demi-mesure. »
J’ai aimé cette lecture, découvrir Naples en même temps que les amies de Luna, me promener dans les petites rues, manger une pizza unique et délicieuse, écouter les bruits, mettre mes pieds dans l’eau, observer le Vésuve en arrière-plan, connaître la voisine et ses beaux projets. Et surtout, accompagner Luna pour qu’elle trouve la sérénité, pour qu’elle soit en phase ave ses choix.
L’auteur a les bons mots pour nous transmettre les impressions ressenties principalement par cette jeune femme, les questions qu’elle se pose, les réponses qu’elle pense trouver. Cette histoire aborde différents thèmes, sans lourdeur, avec doigté. Serena Giuliano est italienne, elle écrit en français mais elle aime son pays, Naples et quand elle en parle, elle nous donne envie d’aller là-bas au plus vite.
Éditions : Robert Laffont (18 mars 2021)
ISBN : 978-2221253120
224 pages
Quatrième de couverture
Luna arrive à Naples contre son gré : son père est gravement malade. Rien, ici, ne lui a manqué. Ses repères, ses amies, son amour sont désormais à Milan. Alors pourquoi revenir ? Pourquoi être au chevet de son papà, au passé trouble, et avec lequel elle a coupé les ponts ?