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Publié par collectif-litterature

Au commencement était la mer, de Maïssa Bey

Une chronique de Cassiopée.

Ce livre est un bijou.  Porté par une écriture poétique, posée, ne sombrant jamais dans le pathos, l’auteur nous dévoile un pan de la  vie de Nadia…. Frêle, fragile, mais volontaire, cette jeune fille se découvre femme sous les regards d’un homme. La complicité qu’elle vivait avec la mer, le vent et les éléments qui lui fouettaient le visage,  activaient son sang ….. elle les rencontre avec Karim…. Il la fait exister, vivre, rêver …… Il lui apprend à conjuguer le verbe aimer à tous les temps……

Au commencement ce sont la mer et le soleil qui caressent son corps, son esprit, son cœur, avides d’une autre vie, de sensations que Djamel, le frère aîné,  veut éteindre. Parce que Nadia, elle n’a pas le droit, elle doit faire ce qu’on lui dit, ce qui est décidé et que sa famille juge bon pour elle. Ne pas courir tête nue sur la plage, ne pas se promener….Ne pas vivre, ne pas penser, obéir ? On est en Algérie et Maïssa Bey nous fait ressentir tout le poids familial et celui des traditions.

Mais Nadia a soif de prendre en main son destin, de choisir, d’agir et le regard que lui lance le fils des voisins la rend belle, heureuse…..

« Elle a tant attendu ces instants.
Elle a tant attendu, qu’au plus fort du bonheur ce n’est jamais vraiment le bonheur. »

Mais a-t-elle le droit dans le contexte où elle vit de décider ?  Peut-elle choisir ?

Ce roman est empreint de délicatesse, de discrétion, les mots nous sont offerts, nous sont donnés pour comprendre ce que vit Nadia mais jamais l’auteur n’en fait trop. Le dosage est subtil, les situations posées en quelques lignes et ce qui n’est pas écrit se devine aisément. C’est sans doute là, la force de ce texte, nous apporter in et off toute une palette d’émotions… Ce qui n’apparaît pas dans les phrases est sous jacent, c’est une histoire d’atmosphère palpable sans être pour autant décrite et exposée….. Il y a des phrases sans verbe, d’autres sans sujet et pourtant toujours le ton est juste, comme si chaque mot se suffisait à lui-même….

« Tout un été au bord de la mer ! C’est un peu comme un rêve. Un rêve si fragile qu’au matin, on ose à peine ouvrir les yeux et les fenêtres sur l’immensité saisissante et bleue de la mer et du ciel confondus. »

C’est un livre qui m’a bouleversée tant il présente  une situation actuelle, difficile à accepter, à comprendre. Le sujet est grave mais le propos est rédigé avec l’intelligence du cœur et si le tragique habite les pages, Nadia rayonne car elle ne baisse jamais les bras.

 

Au commencement était la mer
Auteur : Maïssa Bey
Éditions de l’Aube (Janvier 2016)
Collection : Aube Poche
Nombre de pages : 176
ISBN : 978-2815913607

 

Quatrième de couverture

Au commencement était la mer... Les criques violentes et sauvages. Des refuges où les mènent leurs échappées. Ils s'y promènent sans crainte. Ils ont oublié, ils oublient - dangereux et merveilleux prodige de l'amour - la peur qui fait se terrer les hommes derrière des murs de plus en plus hauts, de plus en plus fortifiés. Nadia, frémissante devant les promesses de la vie et rebelle au destin qu'on lui impose.

 

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