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Publié par collectif-litterature

Le dernier gardien d’Ellis Island, de Gaëlle Josse

Une chronique de Bruno (BMR). 

Pour celles et ceux qui aime(raie)nt tout quitter.

C'est par la mer que tout est arrivé.

Ellis Island, c'est la petite île face à Manhattan aux pieds de la Statue de la Liberté. Une petite île qui a servi pendant près d'un siècle de centre de transit, de sas d'arrivée, de quarantaine, à tous les immigrants venus peupler le pays de l'Oncle Sam et fuyant une Europe (Irlande, Italie, ...) qui ne leur offrait plus guère de perspectives.
Plus de douze millions de personnes sont passés par cette ‘porte’, la porte d'or, la porte d'entrée de La Merica.
Une porte qui parfois se refermait sur quelques uns d'entre eux, renvoyés dans leurs lointains pays d'origine, parce que trop chétifs, trop malades, trop dangereux, ...
Un taux de refus minime (2%) qui aura suffit à terroriser plus de douze millions de candidats et à conforter la sinistre réputation des lieux.
Nous avions été très émus (et vivement intéressés) par notre visite des quelques bâtiments de cet ilot devenus depuis, un musée de l'immigration (édifiant).
On ne pouvait donc laisser passer ce petit bouquin de Gaëlle Josse : Le dernier gardien d'Ellis Island.
Nous voici donc fin 1954. Le centre d'Ellis Island va fermer dans quelques jours.
Le dernier gardien des lieux reste seul ‘à bord’. Depuis des années, ce fonctionnaire se considère lui-même comme un exilé de Manhattan, pourtant si proche.
Pendant ces quelques jours, Mr. Mitchell entreprend de nous raconter ses souvenirs, quelque chose entre de brèves mémoires et une longue confession.

« [...] Il me reste neuf jours, pas un de plus, avant que les hommes du Bureau fédéral de l'immigration ne viennent officiellement fermer le centre d'Ellis Island. Ils m'ont prévenu qu'ils arriveraient tôt, très tôt, vendredi prochain, 12 novembre. Nous ferons ensemble le tour de l'île et nous procèderons à l'état des lieux. je leur remettrai toutes les clés que je possède, portes, grilles, entrepôts, remises, bureaux, et je repartirai avec eux vers Manhattan. »

L'auteure a choisit de faire revivre ces lieux au travers du regard d'un seul homme, le dernier gardien.
C'est qu'il a dû en voir des choses, Monsieur Mitchell, et des pas très belles parfois.

« [...] Ce sont les événements qui me sont personnels que je voudrais évoquer ici, aussi difficile cela soit-il. Pour le reste, je pense que les historiens s'en chargeront.
[...] Rien que des souvenirs. Et bien encombrants. Ils s'agitent autant qu'ils peuvent, à croire que toutes les ombres de mon existence se sont réveillées dès qu'elles ont su que je partais, et qu'elles ne seront en paix qu'une fois leur histoire racontée. »

Malheureusement la confession du dernier gardien tourne rapidement à l'auto apitoiement complaisant : ambiance plaintive et ton larmoyant finissent par gâcher la visite de l'île et de son Histoire dont on apprend finalement très peu.
Mais peut-être que tout cela est dû aux fantômes de ces lieux qui auront vu défiler tant de misère humaine au fil des longues années.
En dépit d'une fin plutôt bien amenée, ce court roman sera une petite déception : Gaëlle Josse s'empare d'un lieu mythique mais ne réussit pas à faire se rencontrer la petite histoire et la grande.
Juste de quoi raviver les souvenirs de notre visite de ces lieux.
Mais on reparle de Gaëlle Josse bientôt et avec plus d'enthousiasme.

Bruno ( BRM) : les coups de Coeur de MAM et BMR

 

Le dernier gardien d’Ellis Island, de Gaëlle Josse
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